Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.
94
AÉRAGE
NOTE VI. Sur les précautions à prendre, dans le cas où une explosion de gaz met le feu à la houille
Lorsque le feu a pris à des massifs de houille, par une inflammation de gaz hydrogène protocarboné , et que l'on s'est déterminé à isoler par
des barrages le quartier de la mine incendiée,
on doit laisser écouler un temps très-long, avant d'ouvrir les barrages et de rentrer dans les travaux isolés. Sans cela il pourrait arriver que le feu ne fût pas complétement éteint, et que l'accès de l'air dans les excavations où le gaz inflammable s'est accumulé, donnât lieu à une explosion
des plus violentes. J'ai été moi-même témoin d'un fait de ce genre , qui aurait pu avoir les suites les plus graves, et j'avoue que je ne prévoyais nullement le danger contre lequel je désire mettre les mineurs en garde en publiant cette note. La couche de houille de Latour,, près Firminy (Loire), où se dégageait du gaz inflammable, était
exploitée provisoirement par un puits unique. Les travaux avaient une fort petite étendue, et l'aérage était activé par un foyer établi au bas du puits, auquel une ligne de caisses en planches, d'un pied carré de section intérieure, servait de cheminée. La ventilation obtenue par ce moyen était suffisante pour délayer le gaz, au point de le rendre inoffensif, à cause du faible développement des travaux, et de la situation des galeries
qui étaient creusées, en descendant suivant la pente de la couche, à partir du puits. Cependant il arriva que l'on dut réparer les
DES MINES.
195
caisses en bois les plus rapprochées du fond du puits. La réparation dura assez longtemps, pour que les travaux se remplissent d'un mélange explosif, de sorte qu'il ne fut possible de rallumer le foyer qu'en usant des précautions nécessaires
pour éviter tout accident. Bientôt après que le foyer fut rallumé, le gaz s'enflamma, sans détonation toutefois, et la fumée qui remonta par le puits montra que le feu avait pris quelque part au massif de houille. Je fis immédiatement fermer le puits hermétiquement par un plancher, sur lequel on entassa de la terre, et qui empêchait complétement l'accès de l'air ; ce ne fut que huit jours pleins après cette opération, que la mine fut ouverte; elle était remplie de gaz irrespirable; mais il n'y avait plus de fumée ascendante par le puits, ni aucune odeur qui annonçât que le feu durait encore. Mon intention était de ne reprendre l'exploitation qu'après avoir mis les travaux en communication avec un autre puits existant déjà dans le voisinage.
Vingt-quatre heures après l'enlèvement du plancher, il y eut dans la mine une détonation épouvantable, qui fit irruption au dehors, ren-
versa la machine à molettes, et couvrit tous les environs de poussière de houille., Comme il y avait un gardien près du puits, au moment de la
détonation, le feu ne put pas être mis du dehors, et il n'y a pas de doute qu'il restait encore dans la mine , tenue fermée pendant huit jours
entiers, des corps en ignition, probablement des fragments de houille ou de boisages, qui avaient allumé le mélange explosif répandu dans les leries , mélange qui avait pu se former au moyen