Annales des Mines (1868, série 6, volume 14) [Image 23]

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PROCÉDÉ 'BESSEMER.

A cette époque, M. Bessemer, dans la continuation persévérante de ses travaux, s'engagea dans une voie pratique

différente de celle qu'il avait suivie jusqu'alors; elle lui était indiquée par l'impossibilité de liquéfier dans un four ouvert de grandes masses d'acier. Comparant au fer la plupart des métaux employés dans l'industrie, il les voyait fusibles à l'état de pureté, capa-

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bles d'être coulés parfaitement homogènes dans des moules,

susceptibles alors d'être forgés, laminés, étirés de toute manière sans renfermer aucun mélange mécanique de matières étrangères, tandis que le fer, dès qu'il est privé de la faible proportion de carbone dont la combinaison constitue la fonte, ne peut plus être maintenu liquide dans des fours ouverts, et se solidifie dans l'acte même de la purification, formant alors des petits grains au milieu des scories de raffinage. Et ces corps étrangers, dont le fer ne peut être complètement débarrassé, sont la cause de nombreuses imperfections qui ne sont pas inhérentes au métal. C'est ainsi qu'il ne peut développer toute sa ténacité, ses molécules étant séparées les unes des autres par des substances beaucoup moins tenaces, et qu'on ne peut en former de grandes masses sans avoir recours à une opération généralement imparfaite, le soudage d'une certain nombre

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d'éléments de petite dimension. Ces réflexions firent bientôt comprendre à M. Bessemer que le grand problème à résoudre dans la fabrication du fer était la purification complète du métal à l'état liquide, et la production de grandes masses homogènes que l'on verserait dans des lingotières soit à l'état de fer doux malléable complètement décarburé, soit à l'état plus ou moins voisin de l'acier et renfermant -des proportions variables de carbone, ce dernier provenant de celui qu'on y aurait laissé, augmenté de celui qu'y aurait introduit une certaine quantité de fer fortement carburé, ajoutée vers la fin de l'opération.

FABRICATION DE L'ACIER.

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Mais comment y parvenir? M. Bessemer avait appris à ses dépens que la chaleur la plus intense d'un four à réverbère était insuffisante pour la fusion de l'acier en masses considérables, et, dans l'emploi

des creusets, on était limité, soit par la faiblesse des dimensions, soit aussi par celle de la température. Différents moyens de résoudre la question furent bientôt imaginés par M. Bessemer, et successivement abandonnés, quand il lui parut que l'emploi de l'air atmosphérique était le seul moyen pratique de conduire à la véritable solution du problème, parce que les substances étrangères contenues dans la fonte sont oxydables, et que l'acte de la combinaison du carbone avec l'oxygène de l'air amènerait nécessairement une forte augmentation de température. Ce néanmoins il restait encore place à l'hésitation, car on pouvait craindre que la presque infusibilité du fer malléable par les moyens industriels connus n'amenât la solidification de la masse avant la parfaite épuration du métal. Après plusieurs semaines passées dans le doute et l'incertitude, la confiance dans le principe prit le dessus, et M. Bessemer résolut de le soumettre à l'expérience.

Il construisit alors, sur ses propres dessins, un four et une soufflerie ; le convertisseur était un simple cylindre

placé verticalement, garni à l'intérieur d'argile réfractaire, ayant à la partie inférieure six tuyères horizontales distribuées sur le pourtour, et à sa partie supérieure un orifice de if pouces anglais de diamètre.

Le jour impatiemment attendu de l'expérience étant arrivé, M. Bessemer fit couler à peu près 7 quintaux (environ 590 kilog.) de fonte dans le convertisseur, puis il donna le

vent. Un bruit sourd d'ébullition, accompagné d'un vif courant d'air chaud et de quelques étincelles sortant par l'orifice supérieur, marqua le commencement de l'opération. On avait suspendu à une chaîne, au-dessus de l'orifice, une plaque en tôle afin d'arrêter toutes les projections. A quel.