Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.
PAR .UNE MACHINE A VAPEUR.
194
BÂTIMENT MU
possible que la manière dont on les transporta, la tête pendante, ait rendu plus 'difficile leur
rappel à la vie. J'arrivai trop tard pour dire combien cette pratique était mauvaise. Parmi les neuf individus qui périrent si malheureuse-
ment , il 'y avait trois jeunes personnes , filles d'une veuve âgée, qu'elles faisaient vivre de leur travail. Sans avoir été témoin du désespoir
de cette mère , on 'ne peut s'en former une mais tirons le rideau sur cette scène idée
déchirante. Le lundi. , 5 juin, à 4 heures le teins paraissant radouci , nous nous rembarquâmes. Mais en doublant le cap Cornwall , le premier des deux grands promontoires qui terminent l'Angleterre à l'Ouest, nous ne tardâmes pas à voir que les apparences nous avaient trompés ; une houle effroyable arrivait sur nous, de toute la profondeur de l'Atlantique ,tan dis que la Marée qui descendait le canal de Saint-Georges, ren-
contrait ces vagues, et. les sou lev ait à u ne hauteur
semblait impossible de franchir , et également dangereux d'avoir à l'arrière, si onpren ait le parti de virer de bord. Le bâtiment semblait
souffrir; et les chocs répétés contre la cage des roues alarmaient le pilote , qui les entendait pour la première fois. La nuit s'approchait
et aucun port- ne s'offrait à nous, sauf celui que nous avions quitté , et qui était déjà trop loin. Dans cet état de choses, le capitaine Dodd remarquant que le bâtiment naviguait mieux les pour encourager et diriger les efforts tendant à rap[.eler
noyés à la -vie.
19,)
contré la vague cipe dans toute autre direction,
fit faire une longue bordée dans ce sens, jusqu'à ce que nous fussions sortis des parages où la houle luttait contre la marée ;'nous prîmes de la voile , qui contribuait toujours à l'équilibre du bâtiment ; et au bout de quelques heures nous eûmes enfin doublé le Land s End et nous trouvâmes une mer tranquille. Dès ce moment le voyage n'offrit plus rien de pénible on de redoutable ; nous étions à l'entrée du canal de la Manche, qu'on dit être toujours pins tranquille que la mer d'Irlande ; le soleil brillait sur nous , la nier étincelait de lumière, et la côte déployait toutes ses beautés ; on distinguait ses bois , ses villages , et sa riche culture. Nous arrivâmes à Plymouth le mardi, 6 juin,
vers ii heures du 'matin. Le maître du. port,
qui n'avait jamais entendu parler d'un bâtiment
à vapeur , fat comme pétrifié d'étonnement lorsqu'il monta sur le nôtre ; et, comme un en-
fant qui entre en jouissance d'un nouveau
jouet , il saisit le gouvernail , et nous fit circuler autour de plusieurs vaisseaux de guerre qui étaient rassemblés dans la baie ; les matelots accouraient en foule sur le côté de leur navire, auprès chique! nous passions , et perchés sur tons les haubans , ils donnaient carrière à leurs .observations , tout-à-fait amusantes pour nous. roues Comme nous étions sans voiles, étant invisibles il était certes di:ficile de deviner la cause de notre mouvement rapide; et, comme par hasard dans ce moment, le feu brûlait sans fumée, on ne pouvait pas même soupçonner ce moteur.