Annales des Mines (1875, série 7, volume 7) [Image 8]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

MINES DE SOUFRE

DE SICILE.

si magnifique développement de l'industrie minière, n'a produit en Sicile que le gaspillage des gîtes et le maintien

de choses et l'absence de règlements spéciaux ont amené un gaspillage déplorable des gîtes : on verra ci-après que l'on n'utilise pas plus du quart du soufre contenu dans le minerai exploité; les trois quarts sont ou perdus dans les éboulements ou brûlés pendant la fusion. L'extrême division de la propriété souterraine est un obstacle presque insurmontable à l'exploitation rationnelle des

10

des plus détestables méthodes d'exploitation. Les grandes propriétés étaient autrefois très-nombreuses dans l'île.. Beaucoup d'entre elles sont passées entre les mains des paysans et se sont divisées de la façon suivante:

les terres étaient généralement louées suivant un contrat spécial dit al censo qui se rapproche assez d'une emphytéose. Moyennant une redevance annuelle très-faible (1.2 à 15 francs par hectare) , le fermier et ses descendants talent ,indéfiniment en possession du sol, qui était transmis et divisé par héritage comme s'il avait été possédé en propre. Le propriétaire se trouvait ainsi, après quelques géné-

rations et pour des parcelles souvent peu considérables, en présence d'un grand nombre de cofermiers ayant chacun à payer des redevances extrêmement minimes. Quand celles-ci n'étaient pas acquittées, il avait toutefois le droit de rentrer en possession du fonds ; mais la recherche des titres présentait de très-grandes difficultés qui rendaient souvent

la revendication impossible. Une loi postérieure à 186o a

décidé que le fermier al cens° a le droit d'acquérir les terres qu'il occupe moyennant le 'payement d'une somme égale à la redevance annuelle capitalisée à 5 p. Io°. Beaucoup de paysans ont profité de cette faculté. La vente des biens ecclésiastiques qui étaient très-considérables et, pour la plupart, incultes, a contribué puissamment à la division et à la mise en valeur du sol. Aujourd'hui, surtout clans les districts miniers, la propriété est ordinairement très-morcelée, et, comme les gîtes de soufre affleurent sur de grandes

étendues, que leur exploitation n'exige que de très-faibles avances, le nombre des mines est devenu extrêmement considérable : l'île ne compte pas moins de 600 solfares dont

550 environ en activité. La production totale étant

de

175. 000 à 180. 000 tonnes de soufre, on voit que la production moyenne est seulement de 50-O tonnes par mine. Cet état

11

gîtes, d'abord parce que les mines sont généralement trop peu

étendues pour payer la dépense de travaux d'aménagement considérables, ensuite parce que l'exécution de galeries

d'écoulement ou l'établissement de puits munis de machines d'épuisement ne peut être entrepris qu'a la condition que les propriétaires du groupe de solfares qui seront ainsi asséchées s'entendront entre eux pour partager les frais. Or le Sicilien est d'un caractère méfiant, peu sûr et rebelle à toute association industrielle. Ainsi le groupe trèsimportant des mines de Lercara pourrait être entièrement asséché par une galerie de 1.000 à 1.200 mètres de longueur. Mais ce travail n'a jamais pu être entrepris, d'abord parce que les intéressés n'ont pu s'entendre pour partager entre eux la dépense, ensuite parce que plusieurs des pro' priétaires sous le fonds desquels la galerie aurait dû passer demandaient, pour accorder le droit de passage, des sommes

exorbitantes. Sur l'une des mines de ce groupe, à la solfare Romano, on a établi à grands frais sur un puits de 6o mètres de profondeur une machine d'épuisement du système de Cornouailles. Mais elle n'a jamais fonctionné, parce que les propriétaires des mines supérieures ont toujours refusé de payer même une part de la dépense d'épuisement. Des exemples de ce genre pourraient être multipliés.

L'une des premières mesures légistatives à prendre pour améliorer le déplorable état des mines siciliennes serait de forcer, dans de certaines conditions et sous le contrôle de l'État, les propriétaires de mines à former, lorsque quelques-uns des