Annales des Mines (1875, série 7, volume 7) [Image 17]

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MINES DE SOUFRE

savent pas ce que c'est qu'un plan, enfin ils ne connaissent même pas de nom les engins mécaniques les plus simples qui sont employés ailleurs pour l'extraction, l'épuisement

et le roulage. Cet état de choses est la conséquence de plusieurs causes, parmi lesquelles il faut compter la législation ou plutôt l'absence de législation minière

l'ignorance profonde de la population et l'isolement dans lequel elle a toujours vécu, soit par suite du manque de communications à l'intérieur des terres, soit par suite de la situation insulaire de la Sicile ; le manque de combustible

minéral ou végétal et de bois de construction ou de soutènement. Depuis un petit nombre d'années des étrangers sont venus en Sicile exploiter ou diriger quelques mines de soufre. Ils ont tenté d'y introduire les méthodes rationnelles et les appareils perfectionnés de l'industrie moderne. Ils ont eu à lutter non-seulement contre les difficultés provenant du peu de ressources industrielles du pays et du manque d'ouvriers expérimentés, mais encore et surtout contre la résistance ouverte ou latente de tous les gens du pays, organisés pour la plupart en camorre et

ne reculant devant aucun moyen pour s'opposer à des changements qui leur sont antipathiques. Aujourd'hui l'exploitation est organisée de telle façon que la fraude peut s'exercer et s'exerce en effet partout sur une vaste échelle. Les méthodes perfectionnées qui comportent une grande précision dans l'appréciation du travail effectué par chaque ouvrier et dans l'évaluation des salaires, en même

temps que des habitudes d'ordre, de régularité, de

sur.-

veillance effective et incessante, sont donc repoussées par toute la population qui vit de l'extraction et du commerce des soufres. Sur les 55o solfares en activité on n'en compte que quatre pourvues d'une galerie d'écoulement servant en

même temps au roulage, et pas une seule dans laquelle l'extraction ait lieu par puits verticaux. L'usage des machines à vapeur, pour l'épuisement, commence pour-

SICILE.

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tant à se répandre ; plusieurs mines appartenant à des sociétés étrangères sont en voie de transformation, et il n'est pas douteux que, grâce à l'extension des chemins de fer, au développement de l'instruction (*) et aux mesures énergiques que le gouvernement italien paraît disposé à prendre pour réprimer les violences sur les personnes (") , grâce enfin à l'approfondissement continu des mines, qui rend l'emploi des anciens procédés de plus en plus difficile, les bonnes méthodes d'exploitation se propagent peu à peu dans l'île. Mais il ne faut pas se dissimuler que le progrès

sera très-lent et qu'il serait peu prudent d'espérer des améliorations à bref délai. § 2. - Recherches et travaux préparatoires.

Quand les couches de soufre affleurent à la surface et que leur inclinaison ne dépasse pas 45', on pratique une descenderie dans le gîte même. Si la couche n'apparaît pas au jour, mais que l'existence du briscale, des mouches de soufre dans le calcaire du mur ou de sources sulfureuses fasse soupçonner sa présence, on fait ce qu'on appelle une tentative (tentativol. Elle consiste dans une galerie inclinée, nommée buco (trou) ou scala (escalier), qui va rejoindre le gîte, soit par le toit, soit par le mur, à la plus faible distance possible. Le même procédé est employé lorsque l'in(*) On a fondé, il y a sept ou huit ans, à Caltanissetta, une école

de mineurs qui est dirigée par l'ingénieur des mines de la province.

(") L'institution du jury, qui est ailleurs une garantie d'ordre.

et de sécurité, a donné en Sicile des résultats déplorables. Quand un crime est commis, on ne trouve pour ainsi dire jamais ni té-

moins qui consentent à déposer contre un accusé ni jurés qui osent condamner un coupable. La situation est devenue si grave dans ces derniers temps que le gouvernement vient de présenter aux Chambres un projet de loi qui suspend le fonctionnement du

jury et qui arme les autorités administratives et judiciaires de pouvoirs exceptionnels.