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COMPARAISON DES DEUX TYPES DE VOIE.
RAIL VIGNOLE ET RAIL A DOUBLE CHAMPIGNON.
La compagnie d'Orléans et les chemins de fer de l'État déclarent que, d'après des relevés faits sur les voies principales de lignes déjà anciennes, la proportion des rails retournés est de un tiers, et concluent de là que la durée moyenne des rails susceptibles de retournement est une fois et demie celle des rails qui ne comportent pas cette opération. Cette conclusion, toutefois, ne serait exacte qu'autant que tous les rails seraient en état d'être retournés à la fin de la première période de leur existence, ce qui
n'est pas. Mais on peut aisément montrer, et c'est là le point important, que sur une voie où la proportion indiquée se maintiendrait, la consommation de rails neufs pour le renouvellement ne serait que les deux tiers de ce qu'elle serait sur une voie à rails non retournables. C'est assurément là un fait économique très important.
La compagnie de l'Ouest a fourni un relevé des rails retournés ou mis hors de service avant ou après retournement, pendant les vingt années de 1859 à 1878, pour la ligne de Paris au Havre. Cette ligne présentant une longueur totale de voie simple de 442,2oo, est établie depuis 1845 entre Colombes-embranchement et Rouen, et depuis 1847 de Rouen au Havre. Voici le résumé de ce tableau, soit pour les vingt années, soit pour les dix dernières, pendant lesquelles les nombres annuels varient peu. NOMBRE DE RAILS TOTAL
Nffl SITE DE RAILS
par kt omètre et par an MIS HORS DE SERVICE
MIS HORS DE SERVICE
retournés.
De 1859 à 1878. . De 1869 à 1878. .
70.813 31.360
retournés. après avant après avant retourne- retourneretourne- retournement. ment. ment. ment. 8.696 1.893
77.950 54.881
8,00 7,77
0,98 0,13
8,81
12,41
55
Les résultats avaient été bien différents pendant les premières années; ainsi en 1859, il n'y a eu que 155 rails retournés et b4 mis hors de service après retournement, tan-
dis qu'il y en avait eu 1.495 mis hors de service sans retournement. On voit qu'à cette époque, les adversaires du double champignon étaient fondés à regarder le retournement comme illusoire. Ce résultat changea rapidement dans les années suivantes, soit par une amélioration de la qualité des rails, soit, plus
probablement, par suite d'un meilleur entretien et par le perfectionnement des coussinets. Dans les dix dernières années, le nombre des rails mis hors de service sans retournement n'a plus été que de 5,5 p. ioo du nombre des rails retournés.
Le retournement a donc été une opération des plus sérieuses et des plus efficaces, puisqu'il a pu être appliqué aux 19/20 des rails. Pour en apprécier complètement la portée économique, il faudrait connaître la durée moyenne des rails après retournement. On pourrait la déduire de ce qui précède si l'on avait, en outre, un renseignement analogue à celui qu'a donné la compagnie d'Orléans, c'est-à-dire la proportion de rails retournés constatée sur les voies à un moment donné. Ce renseignement fait défaut et, d'ailleurs, le raisonnement porterait à faux, car la substitution progressive des rails d'acier aux rails de fer modifie constamment la longueur effective occupée par ces derniers. Le seul examen des chiffres ci-dessus suffit pour montrer que la voie n'est pas réellement dans un état qu'on puisse appeler permanent, comme semblerait l'indiquer l'examen sommaire du tableau présenté par la compagnie, car dans un pareil état le nombre des rails mis hors de service après retournement devrait être égal à celui des rails retournés. Néanmoins ce résultat, rapproché de celui de la compagnie d'Orléans, tend à attribuer une grande impor-