Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.
MÉMOIRE SUR LA FORMATION
DE LA HOUILLE.
fossiles se sont en partie charbonnés dans les marécages
avis, de Bothrodendron (*), est une autre preuve que ce
houillers ; ceux dont nous nous occupons, très altérés, n'auraient d'ailleurs pas résisté à un transport de quelque longueur. Quant à la masse de tissus végétaux quasi dissous, elle ne doit pas surprendre lorsqu'on voit la tourbe des marais où les plantes se décomposent plus rapidement et unifor-
mode de décomposition est aussi vieux que le monde orga-
1 18
nique.
L phénomène s'est perpétué à travers tous les âges géo-
logiques: les lignites, plus visiblement encore que la houille, sont en effet formés de substances ulmiques avec empreintes,
les tourbières, de la bouillie végétale (O. Heer), ou plutôt, comme dans les marais de l'Afrique équatoriale, de la vase noire rappelant la poix. Il n'est donc pas besoin de recoudra des plantes cellulaires, qui n'ont pas existé, pour expliquer l'origine de la houille amorphe- décrite plus loin. Évidemment, une partie des tissus a été détruite entièrement par l'action dissolvante de l'atmosphère ou de son
épidermes et cuticules; tels est le lignite brun de Friedsdorf près Bonn, le lignite fissile jaunâtre de Darmstadt, etc. Aujourd'hui, la même transformation s'opère sous nos yeux, dans les forêts marécageuses et dans les tourbières. Ainsi, d'après une communication que je dois à M. Les-. quereux, à Kiôgge, près de Copenhague, il existe un entassement sur place tout récent d'écorces vides de bouleaux dans une pâte végétale à moitié liquide qui provient de la décomposition du bois dans l'eau Cl. Dans les marais aujourd'hui saignés de la Verpillière (Isère), j'ai vu la tourbe formée d'épidermes, jaune-paille ou bruns, et d'une substance noirâtre, boueuse, provenant de la décomposi-
jeu alternatif avec l'eau. Mais elle paraît avoir été bien
tien des tissus cellulaires.
moindre que ne l'a supposé M. Dawson, la station humide des plantes houillères ayant été favorable à la conservation de la matière végétale, au moins pendant quelque temps, avant son transport dans les bassins de dépôt. Si l'on compare en effet la masse de houille amorphe aux téguments libres, on remarque entre ces parties une
de l'acide carbonique. Nous verrons que les produits ulmiques qui ont formé la houille amorphe n'ont pas résulté d'une transformation sur
mément que dans les tourbières de montagnes, susceptible de former une boue fluide : sous un climat chaud, la décomposition des végétaux houillers devait être rapide et complète, il devait au moins se former, comme dans
proportion qui ne permet pas d'admettre qu'une masse très importante de tissus végétaux aient été détruits. Ils ont été transformés, en grande partie, en une sorte de mucilage ulmique comme la gelée végétale floconneuse fixée dans les quartz de Grand'Croix. Une houille ligniteuse du Centre de la Russie, composée de substances amorphes
de nature ulmique et de cuticules (*) provenant, à mon
Toujours est-il que la houille amorphe est un produit de la pourriture aqueuse de substances végétales, car à l'air, au lieu d'acide ulmique, elles n'eussent fourni que
place comme dans les tourbières, mais ont été préparés, en dehors des aires de dépôt, sous forme de substances délayées, dans des marécages qui devaient être très étendus à l'époque houillère, où la décomposition végétale ne paraît pas avoir été activée par des Bactéries ou à une fermen-
(*) Décrits comme Lepicl. tenerrimunt, par Auerbach et Trautschold. Ueber d. Kohlen von Central Russlancl. 1860, p. 39 ct 45, P1. 111, fig.
(*) Zeiller, Bull. Soc. botanique, 1880, p. 348 : Bothroclendron punctatunz.
(e) Le bois bitumineux se délaye facilement, il fond dans la
bouche comme l'argile (Bory-Saint-Vincent).
t!.