Annales des Mines (1884, série 8, volume 5) [Image 188]

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ÉTUDE SUR LES ÉRUPTIONS DU HARTZ.

ll résulte de cet examen rapide du filon de la Bode 10 Que la structure granitoïde reparaît plusieurs fois, soit dans une véritable granulite, comme aux BlaueKlippen, soit, le plus souvent, dans un porphyre granitoïde; 2° Que l'allure porphyrique prend de plus en plus le dessus à mesure que l'on s'éloigne du Ramberg ; 30 Que, dans un même point, le facies porphyrique est d'autant plus prononcé que l'on se rapproche plus des épontes. L'influence refroidissante des épontes paraît être la .cause principale de ces étranges phénomènes ; mais quoi qu'il en soit, il y a là un fait d'une portée incalculable pour la géologie générale, la production simultanée dans le temps et presque dans l'espace des roches du type granite et des roches du type porphyre, le passage répété de ces roches les unes aux autres, leur identité enfin au point de vue géologique. Quelles sont, en effet, à ce point de vue, les grandes différences entre les granites et les porphyres ? Elles sont au nombre de trois : 1° Les porphyres ont donné

des tufs, tandis qu'on ne connaît pas un seul tuf de granite ; 2° les granites exercent toujours sur la roche encaissante un métamorphisme de contact ; les porphyres qui sont des granites éventés, selon .l.'expression de M. de Chancourtois, n'en donnent jamais ; 30 les roches granitiques ont une grande tendance à orienter leurs éléments et à prendre un facies gneissique ; cette tendance ne s'observe pas dans les porphyres.

Or les porphyres du filon de la Bode, qui sont de véritables porphyres au point de vue lithologique, ont, à un haut degré, les trois caractères du granite ; ils n'ont pas formé de tufs ; ils ont exercés sur les sédi. ments le même métamorphisme que la granulite du Ramberg ; enfin ils présentent déjà à l'oeil nu, mais sure

GRANITES.

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tout au microscope, une tendance d'orientation très marquée, allant quelquefois jusqu'à une texture finement schisteuse. Je le répète : au point de vue géologique, ce sont de véritables granites. Ce fait n'est pas isolé dans l'état actuel de la science,

Le filon de la Case de Brousette, dans les Pyrénées, offre également l'exemple d'un porphyre quartzifère pas-

sant à un granite dans l'espace de quelques mètres. La pâte de ce porphyre est amorphe, presque vitreuse ; elle

pénètre en maint endroit, dans les cristaux de quartz. M. Lossen m'a également parlé d'un filon de Drammen (Norsvège) qui présenterait le même phénomène. Mais si l'on observe au microscope le porphyre quart-

zifère des salbandes, dont j'ai parlé tout à l'heure, un fait plus curieux encore est mis en lumière : c'est la présence dans la pâte d'une matière vitreuse, absolument analogue à la matière vitreuse des pâtes de pechs-

tein et d'obsidienne. Cette matière vitreuse entoure, sous forme d'anneaux plus ou moins larges des plages d'une pâte cristalline composée d'un agrégat d'orthose, quartz et mica, agrégat qui présente souvent la texture fluidale. Les cristaux de quartz renferment fréquemment des inclusions liquides où l'on observe toujours un libelle.

Le porphyre granitoïde ne présente, au contraire, aucun élément vitreux. Ainsi, il y a non seulement passage de la granulite au

porphyre quartzifère, mais aussi du porphyre quartzifère à une roche de la série vitreuse. Comme le dit M. Lossen, ce n'est pas tant par la différence du magma éruptif que le granite se sépare de la lave obsidiénique, que par la différence des conditions secondaires de refroidissement et de solidification. Le même magma qui a donné la granulite du Ramberg, les leptynites, les porphyres granitoïdes et quartzifères du filon de la Bode, était apte, vraisemblablement, à donner de