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ÉTUDE SUR LE TERRAIN GLACIAIRE
sur une grande étendue, en hauteur comme en direction, qui brille au soleil comme un miroir en raison du poli.
qu'elle a reçu. On y reconnaît l'action caractéristique d'un glacier. Ce qui nous confirme dans cette opinion, c'est qu'un peu plus bas, à l'endroit où le ravin s'évase fortement on
ne remarque plus que peu de traces du polissage de la roche , recouverte d'ailleurs d'éboulis sur une grande étendue. Il est clair que ce ne sont pas ces fragments pierreux, de chute récente, et à arêtes très vives, qui ont produit en amont le phénomène si remarquable de polissage dont nous venons de parler. Ce phénomène ne peut davantage être attribué à l'écoulement des eaux d'orage, attendu que la quantité qui peut en tomber de l'étroite crête qui domine cet endroit, est très faible et ne peut avoir qu'une action mécanique insignifiante. L'action des glaces est donc certaine. C'est à ce glacier du Canigou que l'on doit probablement attribuer les deux belles moraines qui dominent les deux flancs de la vallée du Vernet et qui nous représentent 'ce qui reste de ses moraines latérales et une portion de moraine médiane. La vallée du Vernet, dirigée à peu près du nord au sud, ,
débouche, par une fente étroite, dans celle de la Têt à Villefranche-de-Conflant : la direction de la vallée de la Têt est en moyenne E. 35°N. Comme celle du Vernet elle
traverse, par une coupure relativement étroite, quoique bien plus large que l'autre, un massif de calcaire dévonien (calcaire et calcschistes à goniatites). Les deux portons de ce massif laissées sur la rive gauche de la Têt par l'intersection des deux vallées ont été les obstacles contre lesquels se sont arrêtées les moraines et forment deux promontoires recouverts par les terrains glaciaires à 1 kilomètre environ du confluent des vallées. Ce qu'il y a de remarquable, d'ailleurs, c'est que l'on
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trouve, sur ces promontoires de calcaire dévonien, quelques blocs erratiques anguleux en gneiss à un niveau bien plus élevé que celui qu'occupe actuellement la moraine à son contact avec le calcaire : il y a de ces blocs qui sont de plusieurs mètres cubes. Un autre exemple analogue se trouve dans la vallée de Carol, qui descend du col de Puymorens : le torrent qui la parcourt va se jeter dans laSègre près de PuYcerda, non loin de la frontière. La roche dominante dans cette vallée est le granite, qui en forme le fond et les flancs sur presque toute sa longueur. On y voit des roches moutonnées dans la cuvette de la vallée et bien polies sur les flancs jusqu'à une hau-
teur qui s'élève environ à 100 mètres au-dessus du lit actuel du torrent ; et ce phénomène se continue sur près de 20 kilomètres.
Les mêmes raisons que nous avons données pour la vallée de la Têt militent ici, à fortiori, en faveur de l'action par les glaciers. Les moraines latérales se trouvent de chaque côté, vers l'aval, et la moraine frontale forme
la majeure partie de la colline qui porte la forteresse espagnole de Puycerda. Il ne reste plus que des traces superficielles de la moraine de gauche qui, vers le village de la Tour de Carol, recouvre des schistes de transition sur une faible épaisseur, au point qu'il n'en subsiste, par endroits, que des
blocs épais jusqu'à plus de 200 mètres au-dessus de la vallée; et, plus loin, d'Enweigt à Ur, les boues glaciaires recouvrent des terrains arénacés en strates inclinées, affleurant par petites places, et que nous rapporterons au terrain pliocène, ainsi qu'il sera expliqué lors de la description du terrain tertiaire dans les mémoires destinés à accompagner la carte du département. Il n'est pas sans intérêt de dire ici quelques mots du terrain glaciaire qui recouvre comme d'un manteau, le