Annales des Mines (1885, série 8, volume 8) [Image 66]

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ÉTUDE SUR LE TERRAIN GLACIAIRE

DES PYRÉNÉESORIENTALES.

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Il est incontestable qu'il existe dans les Pyrénées des

On peut, en effet, admettre que les parties les plus

terrasses d'alluvions, et nous pourrions en citer des exemples remarquables dans deux départements limitrophes,

basses de ces dépôts ne sont pas en place, mais qu'elles

l'Ariège et la Haute-Garonne. Il y en a, d'ailleurs, dans /les autres départements pyrénéens. Elles présentent alors tous les véritables caractères de dépôts opérés par une

provenant de la fonte des glaciers supérieurs, lorsqu'ils se furent retirés dans la haute montagne. Ce phénomène s'observe d'ailleurs, sous forme identique, dans les moraines des anciens glaciers de la Suisse, notamment dans celle de Lucerne. Nous aurions même jugé inutile d'en faire mention, si l'on ne s'en était servi comme d'une

rivière et de terrasses horizontales disposées en. gradins ;

mais il nous a été impossible d'en découvrir dans les Pyrénées-Orientales ; ou plutôt, nous en connaissons un -exemple, en miniature, dont nous dirons quelques mots. Dans la vallée même de la Têt (*), sur la rive gauche

entre Serdinya et Joncet, on trouve à 20 ou 25 mètres au-dessus du lit de la rivière une bande, longue de quelques kilomètres, excessivement étroite et composée de dépôts d'alluvions bien caractérisés, c'est-à-dire disposés en lits sensiblement horizontaux. L'existence de ce dépôt, loin d'infirmer notre théorie des moraines, la confirme au contraire d'une façon écla-

tante par le contraste qu'il présente avec le terrain glaciaire contre lequel il s'appuie ; mais il est tellement restreint, comme épaisseur et comme largeur, qu'il serait impossible de le figurer sur une carte, même à grande échelle. Ce cas restreint et exceptionnel n'a donc d'importance

qu'en raison de l'appui qu'il donne à la théorie glaciaire, en juxtaposant des dépôts :d'un caractère et d'une provenance si différents. Il existe un fait qui, tout d'abord, peut jeter quelque doute sur la nature de ces dépôts, c'est l'existence, dans les régions inférieures, c'est-à-dire en se rapprochant de la Têt, de nombreux cailloux à arêtes et à angles forte-

ment arrondis. Je ne considère pas que ce fait puisse constituer une objection sérieuse. (") Il existe, dans la vallée du Tech, une trace analogue des alluvions anciennes.

ont été remaniées par les eaux d'orage ou plutôt par celles

objection contre la théorie glaciaire.

III. Description des moraines. Nous avons dit que les moraines de cette région sont toutes dirigées du sud au nord et s'arrêtent dans le voisinage de la Têt, où elles ont été rongées par les eaux de la vallée, comme, par exemple, celle qui aboutit à Prades, ou arrêtées par un massif rocheux élevé, comme les calcaires dévoniens de Villefranche ou la colline granitique de Rodés, la disposition de ces deux formations en place étant identique, dans les deux cas, par rapport au terrain glaciaire. Le massif granitique qui se trouve sur la rive gauche de la Têt et qui y acquiert un développement très considérable a été coupé du côté de Rodès, où il est resté, sur la rive droite, un petit massif de 100 mètres de hauteur environ recouvert, à sa base méridionale, par la moraine comme l'ont été les calcaires dévoniens à Villefranche : nous avons déjà signalé cette particularité. On comprend alors aisément comment il se fait qu'on ne trouve pas trace de moraines frontales : il n'y a eu d'exception, comme on a vu, que pour celle d'Escaro. Pour ce qui concerne les moraines profondes, elles ont été enlevées en grande partie par les affluents torrentueux de la Têt sur les rives desquels on n'en trouve plus que des vestiges peu importants. Celle qui a laissé le plus de traces se trouve dans la vallée de Vinça et provient, sans Tonie VIII, 1885.

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