Annales des Mines (1887, série 8, volume 11) [Image 81]

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NOTE SUR L'OZOKÉRITE.

SES GISEMENTS, SON EXPLOITATION A BORYSLAW. 163

rables exercées par le terrain sur les boisages. Le pétrole et l'ozokérite semi-fluide se prêtent en effet très bien à la transmission des pressions, de telle sorte que celles-ci s'exercent d'autant plus qu'on s'enfonce plus profondément. Je ne crois pas qu'il y ait au monde une mine où les pressions soient plus à redouter qu'a Boryslaw : des

pièces de chêne de plusieurs décimètres de côté sont brisées souvent comme des allumettes. Un autre effet de ces pressions, c'est de produire fréquemment, dans les puits et les galeries, des irruptions violentes de gaz, de pétrole, et d'ozokérite , au point de remplir ces puits sur une hauteur atteignant parfois 100 mètres. Ces irruptions, appelées matka's, se produisent si vite que quelquefois les ouvriers, n'ayant pas le temps de fuir, sont englobés par la masse fluide. L'eau n'incommode pas beaucoup, elle se rencontre seulement à la partie supérieure. On comprend en effet qu'elle aurait de la peine à traverser des roches dont les fentes sont absolument remplies de pétrole, d'ozokérite ou de gaz à haute pression. Les accidents sont très fréquents. Aux causes précédentes, il faut ajouter la connaissance rudimentaire de l'art des mines et l'usage immodéré de l'eau-de-vie parmi les ouvriers.

La proportion des morts varie de 7 à 15 pour mille par an (*) alors qu'elle est seulement de 1,88 pour mille dans les mines ordinaires (**).

Méthode ordinaire d'exploitation.

La méthode

ordinaire d'exploitation a été décrite par M. Heurteau. Je vais la rappeler rapidement : Elle consiste à percer (*) Strippelmann (loc. cit.). (**) Slalcslique de l'industrie minérale pour 1884, p. 63.

de distance en distance des puits de Ini,50 de diamètre. Un homme travaille au fond pendant qu'on ventile très sommairement. Il perce de petites galeries horizontales aux endroits où il rencontre une bonne veine d'ozokérite. Mais, à cause de la pression, ces rameaux ne peuvent être bien longs. On admet que 5 mètres est un maximum qu'on ne peut dépasser sans danger imminent. On boise avec des cadres non jointifs. Les puits, profonds de 20 à 200 mètres, peuvent fournir 20 tonnes d'ozokérite par an

et durent de cinq à dix ans. En les plaçant de 10 en

10 mètres on réussit à enlever au terrain les principales

veines d'ozokérite.

L'extraction se fait par des seaux suspendus à un câble en fil de fer ou d'acier de 6 à 7 millimètres de diamètre. Ce câble s'enroule sur un treuil au jour. Il y a à Boryslaw environ 1.000 puits creusés pour l'extraction de l'ozokérite, dont 7 à 800 sont encore en exploitation. Le sol est ainsi percé comme une écumoire.

Il y a presque autant de propriétaires que de puits. On à peine 70 exploitations qui aient deux puits ou plus.

Comme on le voit facilement, cette méthode d'exploi-

tation désordonnée ne peut mener qu'à un gaspillage général du gîte. Et ce qu'il y a de plus malheureux encore , c'est que les quelques sociétés qui ont réussi à acquérir du terrain pour mener une exploitation méthodique, se trouvent généralement sur la zone extérieure, pauvre en ozokérite, ou sur les bords de la zone intérieure.

C'est ce qui arrive par exemple pour la Société de la banque galicienne du Crédit qui exploite au nord de Boryslaw. Cette Société possède environ 120 puits dont quelques-uns seulement sont en travail. Elle emploie la méthode décrite plus haut. Mais elle a déjà essayé d'introduire celle de la Compagnie française, qui va nous occuper bientôt. Elle rencontre cependant beaucoup de Tome XI, 1887,

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