Annales des Mines (1891, série 8, volume 19) [Image 264]

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LES SALINES ET LES PUITS DE FEU

DE LA PROVINCE DU SE-TCIIOAN.

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chinois au milieu de ces instruments rouillés, avec un banc pour tout établi, et pour outils une scie à bam-

accrocher .un instrument à tige, une pince en goupillon

bous, un ou deux couteaux et quelques paquets de ficelle;

courroie, du reste très emmêlée ; le tirage offrait beaucoup de résistance ; les ouvriers à tour de rôle suspendus cinq à cinq à la corde, mirent vingt-sept jours pour ame-

il faut s'arrêter à considérer la manière dont ils remplacent un peu au hasard par un autre instrument celui qui vient de donner un résultat négatif; il faut constater comment souvent après des heures de travail un instrument ne retire que quelques détritus du poids d'une once ou deux, sans amener de la part des ouvriers aucune exclamation, aucun signe d'étonnement ou de découragement ; il faut enfin avoir cent fois perdu patience à regarder, sans que les ouvriers aient bronché, pour pou-

voir dire qu'on a contemplé de ses yeux l'idéal de la patience et de la lenteur. Citons quelques faits. Souvent le travail de dégage. ment d'un puits demande une dizaine d'années ; c'est le temps que compte employer le propriétaire du Mo-tsetsin, « Puits en meule », un des plus beaux puits de feu, obstrué depuis deux ans. Il me le disait lui-même le plus naturellement du monde. Un contremaître puisatier m'avouait que pour réduire en poudre au fond d'un puits une sonde de 300 livres, il faut cinq ans : 32 ouvriers divisés en quatre équipes manoeuvrent nuit et jour sur le levier d'une sonde à pic aciéré, dont l'appareil total pèse 500 livres. En prenant un cinquième du temps pour les retards et l'extraction des détritus, on trouve qu'avec une moyenne de 700 coups

par heure, il faut frapper 25 millions de coups ; chaque coup n'emporte que deux hao (deux dix-millièmes de l'once), soit 7 milligrammes. La dépense totale est d'un ouan et demi de ligatures (75.000 francs). Pour un puits salé déjà ouvert dont le rendement est sûr, c'est encore

(fig .

11) finit par s'engager dans ce qui restait de la

ner le tout jusqu'à l'endroit où le diamètre du puits s'agrandit. Pour la profondeur du puits, qui était de 130 et quelques tehang , cela donne une ascension de trois feu, soit un centimètre pa.r minute, et d'un millimètre par coup de sonnette. Le plus grave accident des puits est la disparition de l'eau salée pour ne plus revenir. Ce cas fréquent s'explique aisément. Chaque Chinois possesseur d'un lopin

de terre et capable de réunir les capitaux nécessaires peut creuser un puits sans s'occuper de ses voisins, sans avoir besoin de l'autorisation d'aucun ministre, sans être

soumis au contrôle d'aucun ingénieur. S'il rencontre une source qui fournissait à un autre puits, ou plutôt si son trou de sonde dérange le niveau des eaux dans les nappes souterraines, rien d'étonnant que certains puits voient leur rendement diminuer ou même disparaître tout

à fait. Personne n'a droit de se plaindre, d'autant plus qu'il serait difficile d'établir quel forage a lésé les puits mis à sec, car on creuse toujours des puits de tous côtés. Les propriétaires de puits taris ne désespèrent pas toujours ; au lieu d'abandonner le puits ils le font approfondir, au risque de ne rien trouver du tout. C'est à des travaux de ce genre qu'on doit plusieurs des puits les plus profonds.

CHAPITRE VI.

LE PUISAGE.

plus économique que d'en aller forer un autre avec chance

de ne pas réussir. Voici un autre détail : après de longs efforts pour

Puisage de l'eau salée. - Comme nous l'avons vu, il

est assez rare que le forage donne lieu à des puits arté-