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LES SALINES ET LES PUITS DE FEU
DE LA PROVINCE DU SE-TCHOAN.
d'autres pièces y sont rabouties par le même système jusqu'à ce qu'une dernière grosse pièce de chaque côté atteigne la hauteur voulue. Outre les bicoqs, au nombre de 3 ou 4 au lieu de deux, les montants sont encore solidifiés par des pieds en madriers qui les arcboutent de chaque côté. C'est une curiosité que ces immenses machines où tout est réuni, tenu, consolidé au moyen de gros cordages de bambou serrés autour des pièces et dont l'adhérence est rendue plus forte par des coins de bois enfoncés entre ces ligatures et ces madriers : pas une mortaise, pas une cheville, pas un clou. Il reste à l'ensemble une certaine élasticité qui en fait peut-être la solidité. L'établissement d'une de ces hautes chèvres coûte au moins de 2 à 3 mille taéls. La manoeuvre du bambou puiseur est partout la même. Dès qu'il touche le niveau de l'eau, on l'agite par un mouvement de sonnette pour soulever la soupape, qui à chaque coup laisse entrer l'eau, pendant que les ouvriers font descendre le bambou jusqu'à son emplissage. Au moment où le treuil ou le cabestan est mis en mouvement, la soupape se ferme par le poids de l'eau. Généralement le cabestan est actionné par des buffles
aux ouvriers qui ne prennent pas de précautions. Le ré-
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(fig.
2, PI. XIV), au nombre de 2, 4 ou 6, suivant la profon-
deur des puits. Ils marchent d'abord lentement, mais vers le milieu du tirage, les coups de fouet ou de bâton leur font prendre une allure plus rapide, presque la courser jusqu'à ce que l'ouvrier placé à l'orifice du puits pousse le cri annonçant la sortie du bambou. L'allure redevient plus lente, et un dernier cri arrête tout ; la base du puiseur est hors du trou. L'ouvrier placé auprès du puits saisit le bambou d'une main et l'approche du baquet de réception ; de l'autre main, armée d'un crochet de fer, il soulève la soupape. L'eau, qui jaillit avec force, offre à
certains puits une couleur noire et une odeur
sulfhy-
drique prononcée, capable de faire perdre connaissance
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cepteur possède à sa partie inférieure un conduit qui emmène l'eau dans un réservoir voisin. Lorsque toute l'eau est sortie du bambou, on détache les buffles, et le puiseur redescend, imprimant au cabestan un mouvement rapide qui deviendrait dangereux sans le frein. C'est encore un gros et long bambou fendu sur toute sa longueur, ouvert et aplati. Il est suspendu à des cordes sur les deux tiers de la circonférence du cabestan, à la distance d'un ou deux ponces. Une corde attachée à ses deux extrémités permet à un ou deux ouvriers qui se portent sur elle de tout leur poids d'appliquer ce frein contre le cabestan. Le même équipage de buffles ne travaille qu'une fois par jour, tirant trois fois de suite le bambou-puiseur. Un travail supérieur les épuise en peu de temps, à cause de l'allure rapide qu'on leur fait prendre et qui ne leur est pas naturelle. Aussi dans les grands puits uù l'exploitation a lieu jour et nuit, il faut, pour un cabestan, de 40 à 60 buffles, du prix moyen de 40 à 50 taéls. Un certain nombre de puits ont leur cabestan actionné par des hommes, et certes l'aspect de ces créatures est bien fait pour prouver que l'homme ne peut remplacer les bêtes de somme que sous peine de leur ressembler. Du reste, quoique parmi ces tireurs plusieurs aient été amenés là par la misère ou l'impossibilité de tout autre travail, la plupart sont des mécréants des deux sexes.que la mauvaise conduite a fait tomber à ce dernier degré de l'échelle sociale, considéré comme le dernier précisément parce que c'est un travail ordinairement exécuté par des buffles. Ces tireurs forment une sorte de corporation divisée en brigades, de sorte que chacun passe à son tour sans pouvoir tirer ni gagner plus que le commun des associés. Le
propriétaire de la saline ne s'occupe que de payer