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LES SALINES ET LES PUITS DE FEU
DE LA PROVINCE DU SE-TCHOAN.
taine d'années, un certain nombre de ces Puits de feu, entre autres le Mo-tse-tsin, allumés par les rebelles, brûlèrent au moins une année, éclairant tout le pays à
cipite sur la terre brûlante, bouillonne avec fracas, se vaporise en sifflant et finit par tout couvrir. Au moment de l'interruption parfaite entre la flamme et le trou de sonde, on passe subitement du royaume du feu à celui de l'eau. Le foyer est remplacé par un petit étang d'eau jaunâtre au milieu duquel bouillonne le gaz qui continue
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quinze lieues à la ronde.
Contre le feu, généralement pas d'autre remède que l'eau. Les Chinois ont mis longtemps à trouver le moyen de l'employer efficacement à éteindre ces puits enflammés. On conçoit, en effet, qu'une quantité d'eau insuffisante, amenée sur un pareil foyer, se vaporise immédiatement, se décompose et ne fait qu'activer la flamme. Il
faut amener une basse d'eau suffisante pour ne pas se vaporiser, inonder tout l'espace où brûle le gaz, et cou-
per, ne fût-ce qu'une seconde, toute communication entre le jet et la flamme. D'autre part on ne peut approcher de ce foyer sans s'exposer à être rôti. Voici ce que font maintenant les Chinois. D'abord à une certaine distance du foyer, sur ses quatre côtés, ils élèvent des remblais de terre que l'on arrose continuellement. Puis, suivant la disposition du terrain, sur les quatre côtés ou au moins sur trois des côtés de ce carré, ils construisent de grands réservoirs en terre : des manoeuvres apportent de la terre dans les oiseaux ; d'autres
de l'eau dans des seaux ; des ouvriers vêtus d'habits mouillés et changés très souvent, travaillent dans l'eau et la boue, gâchant la terre pour luter les parois des réservoirs. Chacun de ces étangs artificiels porte sur la face qui regarde le foyer une ou deux vannes en bois. Lorsqu'à force de patience, les ouvriers sont arrivés à élever suffisamment les parois de ces réservoirs et à les rendre imperméables, on invite quelques milliers de porteurs d'eau. Malgré l'évaporation rapide causée par la chaleur du foyer, ces porteurs arrivant à la file sans discontinuer sur plusieurs points à la fois, parviennent à remplir les réservoirs. On ouvre alors brusquement en même temps toutes les vannes des étangs, l'eau se préri;
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à sortir. Une barricade est établie, avec défense à tout individu
porteur de feu de pénétrer à l'intérieur ; interdiction qui dure jusqu'à la parfaite installation du puits. Sans cette précaution, comme aussi dans le cas où la quantité d'eau n'a pas été suffisante pour interrompre la communication entre la flamme et l'issue du gaz, celui-ci se rallume audessus de l'eau et l'opération est à recommencer. Grâce à leur négligence, les Chinois éprouvent ce contretemps souvent plus d'une fois avant de réussir. Pour utiliser- ce gaz, voici la manière dont les Chinois disposent l'orifice d'un puits de feu : ils creusent à la profondeur d'un tehang une grande excavation circulaire dont le trou de sonde occupe le centre. Un Cône tronqué en forts madriers est installé dans ce trou avec son petit diamètre à la partie supérieure. La terre est fortement tassée tout autour. On recouvre le cône d'un couvercle en madriers qui porte au centre un trou muni d'une cheminée de bois calfeutrée, pour l'échappement du gaz jusqu'à complète installation. Ceci est un premier réservoir, duquel partent sous le couvercle quelques gros tubes en bambous mastiqués qui conduisent le gaz à un ou plusieurs réservoirs distributeurs, placés au-dessus du sol. Ceux-ci sont faits en ciment hydraulique, en forme de demi-sphère dont la calotte supérieure est formée d'une grande cuvette de salinage renversée. C'est en arrivant avec force dans ces réservoirs que le gaz y produit le ronflement solennel et sourd qu'on entend parfois d'assez loin.