Annales des Mines (1891, série 8, volume 19) [Image 280]

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LES SALINES ET LES PUITS DE FEU

DE LA PROVINCE DU SE-TCHOAN.

et les coteaux se garnissent de constructions : outre les hangars de salinage, de nombreuses boutiques de petit commerce, des restaurants pour le riz, des débits d'eaude-vie s'accumulent comme ils peuvent les uns sur les autres. Aux heures de départ du sel, la grande porte .extérieure de la saunerie est envahie par la compagnie des portefaix, qui, suivant les règles de la société, attendent chacun leur tour pour gagner quelques sapèques. A l'in-

les puits salés, et les Chinois y remédient de la même manière, mais souvent cette disparition du gaz n'a aucune cause apparente. On trouve aussi certains puits qui sont intermittents comme les sources salées, tandis que pour d'autres la puissance du jet va en croissant,

térieur c'est une véritable fournaise dont l'air chaud,

Plus le ciel est clair, plus le temps est tranquille, plus aussi le jet de gaz est puissant ; il diminue et va même jusqu'à disparaître momentanément par les temps brumeux et venteux. Les jets de gaz des puits de feu profonds sont beaucoup moins sensibles à ces variations atmosphériques, mais ils offrent une autre particularité, c'est la transsudation du gaz à travers les couches supérieures du terrain. Il suffit en effet de creuser, près de certaines fissures qui se produisent, un trou d'un pied de profondeur pour voir surgir da gaz. Les pauvres et les mendiants en profitent pour venir installer leurs us-

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chargé de vapeurs salines et sulfureuses, vous prend à la gorge et vous met bientôt en sueur ; entre tous les foyers, dans cette atmosphère brûlante, s'agitent les ouvriers, la

figure rouge, les yeux dilatés, le corps ruisselant de sueur qui ne peut mouiller leurs vêtements, car ils se contentent à peu près pour tout costume du clair-obscur qui règne dans leur domaine. Mais lorsque le jet de gaz vient à cesser, c'est la mort : toute cette activité, tout ce bruit sont remplacés par la solitude et le silence avec la' tristesse des ruines. Actuellement, à la suite d'une grève continuée par une petite rébellion, plusieurs puits de feu sont engorgés ; les grévistes y ont malignement jeté des instruments de fer difficiles à retirer. Un des plus beaux puits, celui de la meule, Mo-tse-tsin, est dans ce cas jadis il alimentait un millier de chaudières ; maintenant on travaille à le dégorger. Seuls les bâtiments de sondage restent debout.

Aux alentours, les boutiques, les hangars de salinage démolis n'ont plus laissé que leurs squelettes, murs en terre que les pluies et les vents nivellent petit à petit. Dès que le dégorgement aura réussi, dans un an, dans trois ans, peut-être dans dix ans, la vie et la fortune viendront de nouveau prendre possession de cette colline abandonnée.

Cette cessation complète du jet de gaz vient parfois des mêmes accidents qui obstruent le trou de sonde dans

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sans nouveau travail de sondage. Un fait remarquable est l'influence des changements atmosphériques sur le jet de gaz des puits peu profonds.

tensiles de ménage sur ces fourneaux économiques fournis par la nature. Le gaz des couches supérieures, assez fortement carburé, se rencontre à la profondeur des bitumes, et vient

de couches schisteuses. Celui des couches profondes, peu carburé, souvent sulfuré, surgit toujours après la rencontre des terrains houillers, généralement au-dessous de la couche. Cependant quoiqu'il se rapproche beaucoup du grisou par sa composition, il est impossible d'admettre qu'un réservoir de grisou, si comprimé qu'on le suppose, puisse suffire à un pareil débit pendant plusieurs dizaines d'années sans s'épuiser. On se trouve donc en présence de sources de gaz naturel dans des terrains de stratification très discordante où le travail intérieur paraît continuer encore dans des conditions inconnues.