Annales des Mines (1894, série 9, volume 6) [Image 304]

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LES PLANS INCLINÉS AÉRIENS

10 millimètres de diamètre, convenablement graissé, peut assurer la descente de 2.000 tonnes de minerai ; s'il vient à casser, c'est à sa partie inférieure, et il suffit de remplacer la partie usée longue seulement de quelques mètres.

Difficultés des transports en Nouvelle-Calédonie. Dans l'exemple cité plus haut comme dans toute exploitation véritablement industrielle, les câbles 'uniques ont fait place aux plans inclinés aériens. Ceux-ci s'adaptent merveilleusement aux exploitations de mines de nickel en

Nouvelle-Calédonie. C'est sur des montagnes à pentes raides qui descendent sans transition soit dans les vallées, soit au bord de la mer, que se trouvent les gîtes de nickel. Dans la région serpentineuse, la seule où l'on ait rencontré ces gîtes, les vallées sont étroites et plates une plaine sinueuse dont la largeur dépasse rarement 700 à 800 mètres et tombe quelquefois à 200 mètres, telle est par exemple la vallée de Kouaoua. Elle se développe sur 12 kilomètres à partir de la mer enserrée entre deux chaînes de montagnes dont la hauteur atteint plus de 500 mètres et dont les contreforts obligent la rivière à dessiner de nombreux méandres et boucles. Au delà des terrains serpentineux, dans les formations sédimentaires de la chaîne centrale de l'île, la vallée s'élargit en éventail, les pentes s'adoucissent et une vigoureuse végétation s'étage sur les montagnes encore habitées par

d'assez nombreux Canaques. Que de grandes pluies viennent à tomber et le lit majeur de la rivière occupe toute la vallée d'où n'émergent plus que quelques touffes de bambou, des cocotiers, des bois de fer et des niaoulis. Plus curieuse encore est la vallée voisine de Cua-Méré. Un vaste bassin formé de terrains sédimentaires n'a de débouché sur la mer que par une coupure étroite et profonde dans les serpentines, vallée longue de 14 kilomè-

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tres et dont la largeur est seulement de 30 à 40 mètres aux points où se rapprochent les deux chaînes qui la dominent et l'enserrent. Dans ces montagnes couvertes de grandes forêts ou d'une haute brousse les gîtes de nickel se rencontrent à des altitudes variables, mais généralement assez grandes. A Kouaoua, si le gisement exploité sur la mine Loire n'est qu'à 150 mètres d'altitude, les autres gîtes exploités sont

à 400 mètres ; d'autres gîtes de la région dépassent 800 mètres. La difficulté du transport est accrue par les nombreux et profonds creeks qui échancrent les montagnes; dès que les exploitations à ciel ouvert ont déboisé quelques ravins, les cônes de déjection de ces torrents deviennent mobiles, et, barrant quelquefois toute la vallée,

par leur mobilité ils s'opposent à toute installatio n sur le sol.

Les plans aériens franchissent les ravins, passent pardessus les forêts, montent aux sommets des montagnes et vont chercher le minerai en des points à première vue inabordables. Cette merveilleuse souplesse d'adaptation aux terrains les plus difficiles résulte principalement de la grande longueur qu'on peut leur donner sans appui intermédiaire. Les distances de 1.000 mètres sont facile-

ment franchies, et la confiance qu'inspirent ces plans est telle, que malgré les défenses réitérées, il n'est pas rare de voir des ouvriers canaques et tonkinois et aussi des ouvriers blancs, installés sur les chariots des plans, passer à la vitesse de 20 mètres à la seconde à 200 mètres au-dessus de ravins où la chute serait mortelle. Le système de la chaîne flottante aérienne ne serait là

d'aucun secours ; dans les grandes portées, les charges périodiquement réparties nécessiteraient des câbles de gros diamètre dont l'apport à pied d'oeuvre et la mise en place ne seraient pas possibles. Ce sont là raisons suffisantes pour motiver l'adoption