Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.
254
NOTE SDR LA LÉGISLATION DES MINES EN CHINE
de concession minière. Quelques explications peuvent être nécessaires pour faire saisir les difficultés d'une assimilation à notre organisation européenne. En aucun pays du monde la séparation entre la caste bourgeoise et le peuple qui travaille de ses mains n'est plus profondément marquée qu'en Chine. La classe bourgeoise comprend tous les marchands établis, et, en général, tous ceux qui disposent d'un capital en numéraire, Dans l'état actuel du commerce et de l'industrie des provinces centrales de la Chine, le taux de l'intérêt accordé aux capitaux prêtés est tellement considérable (de 30 à. 50 et même 100 p. 100 par an) que quiconque possède le plus petit capital arrive à vivre presque exclusivement de son revenu, jusqu'au moment oii les chances de perte, qui sont naturellement très grandes, font repasser le prêteur de la classe des rentiers dans celle des prolétaires. Los patrons mineurs ne possèdent jamais longtemps des capitaux qui leur appartiennent en propre. Écrasés par les redevances aux mandarins, et par les exigences des commerçants qui les entourent, ils voient rapidement disparaître les bénéfices qu'ils peuvent faire dans certaines années favorables, et, en fait, leur condition, comme leur salaire moyen, sont à peine supérieurs à ceux de leurs ouvriers, même quand ils en emploient un grand nombre. Quiconque pénètre dans les travaux et s'occupe de leur direction technique appartient aux yeux des Chinois à la classe ouvrière, et obtient difficilement le respect, surtout quand il est de nationalité étrangère. Ainsi l'assimilation, parfois faite par les traducteurs, de l'ingénieur européen au patron mineur chinois, a-t-elle été souvent la cause de difficultés très sérieuses. L'ingénieur européen se trouve alors en butte à toutes les moqueries des mandarins et de la (lasse bourgeoise, (pli lui refusent tous les égards auxquels il croit avoir droit connue un voyageur de bonne société.
NOTE SUR LA LÉGISLATION DES MINES EN CHINE
255
Dans ces conditions, le patron mineur qui veut ouvrir une excavation commence toujours par conclure un emprunt auprès du Syndicat de bailleurs de fonds agréés par l'autorité locale. Cet emprunt est remboursable en minerai extrait. Il porte un intérêt annuel qui s'élève souvent jusqu'à 100 p. 100, et n'est d'ailleurs assujetti, en général, à aucune garantie. Si, à la fin de l'année, l'exploitation n'a pas été rémunératrice pour le patron, celui-ci "s'en va chercher fortune ailleurs, et le capital prêté est perdu . Le bailleur de fonds ne peut en aucune manière intervenir dans la conduite des travaux. Il ne serait certainement pas admis à les visiter, et il n'a aucune relation avec les ouvriers, qui sont entièrement sous ladépendance du patron mineur. Celui-ci dirige ses chantiers comme il l'entend, sans s'occuper des propriétés de la surface sous lesquelles il peut se trouver conduit. Quand deux exploitations différentes, cheminant au juger dans le même gîte, arrivent à se rencontrer, les patrons intéressés désignent, en général, des mandataires chargés de résoudre leur différend par voie d'arbitrage. En agissant ainsi, ils ne font que se conformer à un usage absolument général pour toutes les contestations qui surviennent dans la population chinoise. C'est seulement en cas de désaccord persistant que les parties comparaissent devant le mandarin. Celui-ci entame alors une procédure toujours coûteuse, et statue finalement par des motifs d'espèce, suivant une jurisprudence peu susceptible d'une analyse technique. D'innombrables rivalités séparent les divers patrons qui sont toujours plus ou moins en concurrence pour la vente de leurs produits, et qui cherchent naturellement à cacher à leurs voisins toutes les veines favorables qu'ils peuvent avoir découvertes. Ils ont aussi tout intérêt à dissimuler aux bailleurs de fonds une partie de leurs béné-