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DÉCOMPOSITION DES CIMENTS A LA MER
méabilité des mortiers à la filtration et sur leur décomposition plus ou moins rapide sous l'action d'une circulation continue d'eau de mer. En réalité ces expériences n'ont pas du tout donné ce que l'on en attendait : au bout de très peu de temps, les pores se colmatent et la circulation du liquide à l'intérieur devient tellement faible qu'elle peut passer pour tout à fait négligeable, et cependant la décomposition ne s'en produit pas moins lorsque les blocs de filtration sont eux-mêmes immergés dans l'eau de mer. Ce colmatage tient à des causes multiples se rattachant à l'action chimique des eaux de la mer, et en particulier aux dépôts de magnésie sur des surfaces filtrantes et plus encore peut-être à la formation d'une croûte de sulfo-aluminate de chaux. Ce colmatage, bien entendu, ne se produit pas nécessairement avec tous les liquides, il est spécial à l'eau de mer et aux solutions sulfatées. Les solutions d'acide carbonique ou de carbonate d'ammoniaque augmentent, au contraire, la perméabilité, comme j'ai eu l'occasion de le reconnaître. C'est là un cas qui se rencontre dans les usines à gaz, où l'on emmagasine parfois dans des réservoirs en ciment des eaux ammoniacales, mais cela n'a aucun rapport avec les phénomènes pouvant se produire dans les eaux de la mer. Il n'en est pas moins vrai que la circulation de l'eau de mer se produit à travers la maçonnerie. On le reconnaît facilement aux sources que l'on voit jaillir à travers les murs quand il y a une différence de niveau de part et d'autre, mais ces circulations d'eau à l'intérieur des maçonneries proviennent uniquement de malfaçons, de solutions de continuité qui existent dans les mortiers formant les joints des pierres. Cette pénétration de l'eau a certainement une grande influence au point de vue de la conservation des maçonneries, puisqu'elle porte jusqu'au centre l'action décomposante de l'eau de mer, mais elle est tout à fait indépendante de la nature et de la qualité
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des liants hydrauliques. Dans le même ordre d'idées, l'emploi de matériaux de construction poreux, comme les briques, en favorisant la pénétration de l'eau de la mer au cœur des maçonneries, en hâte considérablement la destruction. Il est facile de comprendre pourquoi la circulation des liquides à travers des mortiers très poreux est presque impossible : c'est qu'en effet la vitesse de circulation d'un liquide ne dépend pas seulement de la section totale des vides ouverts à son passage, mais aussi de la grandeur individuelle de chacun d'eux. La finesse plus ou moins grande des précipités formés par l'action de l'eau de mer peut faire varier d'une façon très capricieuse la largeur de ces conduits et opposer ainsi à la circulation du liquide une résistance très variable d'un cas à l'autre. Cependant la décomposition des mortiers, et leur décomposition rapide, prouve que l'attaque se fait simultanément sur une épaisseur souvent très grande, comme le montre le ramollissement progressif observé à une très grande distance de la surface ; il y a un mode de pénétration des sels de la mer autre que celui dû à la filtration. Cela est d'autant plus certain que, dans des bacs en eaux tranquilles, la décomposition est presque aussi rapide que sous l'action d'eaux filtrantes. Le mécanisme de cette pénétration des sels dissous est celui de la diffusion, propriété bien connue de tous les sels solubles dans l'eau. DIFFUSION.
La diffusion des sels ne rencontre pas les mêmes obstacles que l'écoulement des liquides dans les corps poreux. Cette vitesse ne dépend en effet que de la section libre totale et nullement de la grandeur individuelle de chacun des conduits; il était donc permis de penser