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CONDITION DES OUVRIERS DES MINES EN AUSTRALASIE
présent travail, soit celles dont je cite des extraits dans ce qui suit, pour se rendre compte du peu de liberté qui est laissé aux patrons dans l'organisation et la rémunération du travail. De cette réglementation de plus en plus minutieuse résulte une restriction de plus en plus complète de la libre initiative des industriels dans la concurrence, laquelle est en général le facteur essentiel du progrès dans l'industrie. Je n'ai cependant pas eu à constater grand'chose de cet inconvénient, l'industrie des mines étant précisément, de toutes les industries, celle où cet effet se fait le moins sentir, annidé qu'il est par la différence des conditions naturelles : dans les mines, en effet, le problème qui se pose à l'exploitant est, beaucoup moins de réaliser un prix de revient moindre que celui de ses concurrents en partant soit de conditions naturelles identiques, soit de conditions qu'il est dans une certaine mesure libre de se fixer, que d'abaisser son prix de revient au-dessous du prix auquel peut être vendu le minerai qu'il exploite, et cela en se pliant aux conditions naturelles que le caractère etla position du gîte dont il dispose lui fixent impérieusement. Inversement, dans les industries minières — et surtout dans celle des mines d'or, qui est la principale des industries minérales de la Nouvelle-Zélande — , oii la maind'œuvre entre pour une part si large dans les prix de revient, on constate, plus que partout ailleurs, une répercussion immédiate sur ce prix de toute augmentation des salaires, de toute diminution du travailfourni en échange d'un même salaire, ou même, d'une façon générale, de tous sacrifices de ce genre faits en faveur de l'ouvrier. Comme les prix de vente des produits minéraux sont fixés par la concurrence étrangère (d'une façon immuable pour l'or, et d'une façon très complète pour le charbon
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de la Nouvelle-Zélande, puisqu'il n'en est consommé que fort peu sur place), chaque augmentation du prix de revient diminue le nombre des gisements dont il est possible de tirer parti, et restreint, dans chaque mine, l'importance des richesses qui restent accessibles à l'exploitation. Or il n'est pas possible de ne pas constater que l'arbitrage obligatoire aboutit presque fatalement à l'accroissement incessant des avantages de diverses natures concédés aux ouvriers : je n'insisterai pas ici sur les raisons de tous ordres qui permettent de prévoir ce résultat ; elles ont été bien souvent développées. Je me bornerai à mentionner les constatations de fait que j'ai pu faire en Nouvelle-Zélande. Dans le district houiller de Westport, à la mine de Granity-Creek, que j'ai visitée, et qui est l'une des plus importantes de la Colonie, l'abatage du charbon était payé aux piqueurs, avant 1894, à raison de 1 sh. 10 d. (2 fr. 25) par tonne ; à la suite d'un premier appel à la Cour d'arbitrage, ce prix a été élevé à 2 sh. 3 d. (2 fr. 80) par tonne; tant que les ouvriers ont consenti à se contenter de ce chiffre, des arrangements successifs l'ont maintenu; mais, à la fin de 1901, ils ont cru pouvoir réclamer une nouvelle augmentation, et, après comparution devant la Cour, ils ont obtenu que le prix soit porté à 2 sh. 4 d., soit 2 fr. 90, par tonne. Je n'ignore pas qu'une augmentation sensible des prix de vente dans les dernières années (augmentation au sujet de laquelle je n'ai pas de chiffres précis) avait permis aux exploitants de faire face aux charges qui leur étaient ainsi imposées; mais, au moment de la dernière instance devant la Cour, ils se faisaient forts, m'a-t-il été déclaré, de lui prouver que les prix de vente pendant la période à laquelle s'appliquerait la sentence devaient, suivant toutes probabilités, marquer une baisse et ne sau-