Annales des Mines (1905, série 10, volume 8) [Image 101]

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CONDITION DES OUVRIERS DES MINES EN AUSTRALASIE

raient donc justifier aucune augmentation des salaires (*). Pour ce qui est des mines d'or, pendant que partout ailleurs en Australasie, sauf dans les régions désertiques et inhospitalières qui ne se retrouvent pas en NouvelleZélande, les salaires restent stationnaires, relativement bas par rapporta ceux deshouillères, en Nouvelle-Zélande ils s'accroissent : les ouvriers des mines d'or de la région de Reefton ont obtenu de la Cour des salaires de 9sh. 6d. par jour, alors que le salaire normal des bouilleurs des environs payés à la journée n'est que de 9 sh., et ceux du district d'Hauraki, dont les salaires ont été fixés parla Cour à 8sh. et 7 sh. 6 d. (chiffres dont se contentent largement les ouvriers des mines d'or de la NouvelleGalles du Sud ou de Victoria), s'en sont amèrement plaints. A côté de ces chiffres, les faits eux-mêmes qui se passent en Nouvelle-Zélande prouvent éloquemment que, comme on l'a si souvent fait remarquer, il est bien difficile aux arbitres de résister à la tendance toute naturelle de donner aux ouvriers une satisfaction au moins partielle, lorsqu'ils se trouvent avoir à décider entre des travailleurs, dont la situation est toujours, sinon misérable, du moins pénible, et des sociétés financières. Cette tendance est d'ailleurs d'autant plus marquée que ces sociétés sont généralement plus ou moins prospères, du moment qu'elles continuent- leurs affaires; et je rappelle qu'elles doivent logiquement l'être davantage dans l'industrie des mines que dans toute autre industrie, parce (*) J'indiquerai ici, à titre de comparaison, qu'à Newcastle (N. G. S.), où les conditions du marché du charbon ont varié à peu près de la même façon qu'en Nouvelle-Zélande, les prix unitaires payés aux piqueurs (prix qui, au point de vue absolu, ne sont nullement comparables à ceux du district de Westport) ont varié de 3 sh. 6 d. (1893) à 4 sh. -2 d. (fin de 1901 et début de 1902), soit de 4 fr. 37 à o fr. 20, marquant une augmentation de 19 p. 100, tandis que ceux de Westport étaient majorés parla Cour d'arbitrage de 23 p. 100.

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que leur prospérité doit compenser tous les échecs des recherches de mines, dont- tant sont infructueuses et dont quelques-unes seulement ont un réel succès. Dans ces conditions, la Cour d'arbitrage fait bien souvent la part un peu trop large aux ouvriers, aux dépens des bénéfices des actionnaires, qu'on est trop facilement porté à juger plus importants que ne le voudrait l'équité. Il suffit, pour s'en convaincre, de voir combien rarement les ouvriers n'obtiennent pas au moins une partie de ce qu'ils demandent, et quelles circonstances exceptionnelles il a fallu pour que, dans un cas, unique à ma connaissance en matière de mines depuis 1894, la Cour d'arbitrage ait refusé aux ouvriers les augmentations de salaires et les diminutions d'heures de travail qu'ils demandaient. Encore dans ce cas (celui du district d'Hauraki) n'a-t-elle pas pu, comme je l'ai déjà fait remarquer, s'empêcher, après avoir constaté que toute charge nouvelle imposée aux mines ne pouvait que tendre à faire abandonner leurs travaux bien peu prospères, d'accorder aux ouvriers quelques satisfactions de détail se chiffrant par des augmentations de frais pour les exploitants. Peut-être objectera-t-on qu'en fait aucune des compagnies importantes et prospères il y a quelques années n'a été contrainte de cesser son exploitation en raison des sacrifices qui lui ont été imposés en faveur de son personnel ouvrier. Sans doute je n'ai point d'exemple à citer d'un tel cas, mais ce qu'il est beaucoup plus difficile de prouver par des exemples frappants, et ce qui est cependant nettement le cas dans bien des mines, c'est que la limite à laquelle les richesses enfouies dans le sol cessent d'être exploitables est loin de reculer de jour en jour en Nouvelle-Zélande, comme on serait en droit de l'attendre des perfectionnements incessants de l'art des mines.