Annales des Mines (1905, série 10, volume 8) [Image 102]

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CONDITION DES OUVRIERS DES MINES EN AUSTRALASIE

On a encore reproché, dans le même ordre d'idées, à l'arbitrage obligatoire de décourager les capitaux et de les éloigner des affaires industrielles. Là aussi des preuves sont bien difficiles à donner à ceux qui désirent ne pas se laisser convaincre; mais ce que j'ai dit ci-dessus, d'une part de l'importance des bénéfices qu'il est indispensable que réalisent parfois les bonnes affaires de mines pour que les capitalistes soient tentés de continuer à aventurer leur argent dans les recherches minières, et d'autre part de la tendance de la Cour d'arbitrage à céder à toutes les revendications des ouvriers lorsque ces bénéfices sont importants, suffit à montrer que l'arbitrage obligatoire n'est pas fait pour encourager les capitaux à se porter vers la recherche et l'exploitation des richesses minérales de la Nouvelle-Zélande. Peut-être dira-t-on que ce n'est pas un grand malheur pour l'humanité si l'on ne tire pas du sol de ce pays tout l'or qu'il renferme, étant donné les usages spéciaux de ce métal. Je ne prétends pas entrer dans une semblable discussion, mais je constaterai seulement que toute restriction de l'exploitation des mines de la Colonie réduit le nombre des ouvriers qu'elle peut faire vivre, ou la durée pendant laquelle elle pourra les faire vivre, et que tout le monde, même les partisans les plus déterminés de l'arbitrage obligatoire, s'accorde à souhaiter le développement de plus en plus considérable des mines de la Colonie et spécialement de ses mines d'or.

Dans ces conditions, les industries néo-zélandaises, et en particulier l'industrie des mines, n'achètent-elles pas bien chéries bienfaits de la tranquillité (tranquillité seulement relative, comme je l'ai montré) au point de vue des questions ouvrières et de la diminution, sinon de la suppression certaine, des grèves? Et la voie où l'on s'est

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engagé n'aboutit-elle pas à paralyser l'essor de ces industries, en attendant qu'elle les tue une à une? C'est ce qui me parait fort à craindre. Et les ouvriers eux-mêmes qui ne seront, pas moins que les patrons et le capital, victimes de cet arrêt dans le développement de l'industrie et plus tard de sa mort, en retirent-ils pour le moment des avantages si précieux qu'ils ne soient pas insensés, en même temps qu'imprévoyants, de se féliciter des effets de la loi d'arbitrage obligatoire? Telle est la question qu'il me reste à examiner maintenant. Quels sont donc les avantages qu'ils réclament et qu'ils obtiennent le plus souvent à la faveur de cette loi? Ce sont essentiellement des augmentations de salaires, des diminutions de la durée du travail, la limitation de l'emploi des jeunes ouvriers et l'accroissement de la puissance des Unions. Ce sont toutes questions sur lesquelles je m'étendrai dans ce qui suit. J'indiquerai seulement ici que, si l'augmentation des salaires est générale pour toutes les industries d'un pays, et qu'en outre on protège ces industries par des droits de douane, l'élévation nominale des salaires finit par ne correspondre nullement à un accroissement de leur pouvoir d'achat et par suite ne procure aucun bien-être à l'ouvrier ; les prix de revient s'en ressentent au contraire directement, ce qui affecte de la façon la plus grave toutes les industries d'exportation, comme le sont une bonne partie d'entre celles delà Nouvelle-Zélande, et comme l'est, en particulier, celle des mines. Je rappellerai en outre qu'on a bien souvent fait remarquer combien la. fixation d'un taux minimum de salaires un peu élevé est funeste pour tous les ouvriers qui ne sont pas de première force dans leur métier, puis-