Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.
296
CONDITION DES OUVRIERS DES MINES EN ATJSTRALASIE
mais ce qui parait quelque peu abusif, ainsi que j'ai déjà eu l'occasion de le faire remarquer. Dans l'autre important charbonnage que j'ai visité en Nouvelle-Zélande, celui de Kaïtangata (district d'Otago), la modification des heures de travail nécessitée par la nouvelle loi venait d'être effectuée, en même temps que les conditions de travail, précédemment fixées par une sentence de la Cour, étaient réglées à nouveau par un arrangement amiable : jusque-là les ouvriers, répartis en deux postes, passaient 8 heures et demie au chantier, avec un repos durant une demi-heure en principe et souvent davantage ; désormais ils ne font plus que 8 heures au chantier (premier poste de 7 heures et demie du matin à 3 heures et demie de l'après-midi, ot deuxième poste de 4 heures à minuit), avec une demi-heure de repos compensant la durée des trajets (par fendues et galeries) évaluée d'un commun accord à une demi-heure au total. Cette modification ne parait d'ailleurs pas avoir sensiblement raccourci la durée du travail effectif, puisque, en même temps qu'elle était réalisée, les ouvriers ne faisaient pas de difficulté à signer un arrangement perpétuant le taux précédemment fixé pour l'abatagede la tonne de charbon; la direction n'a, de son côté, constaté aucune diminution dans la production par journée d'ouvrier. Dans les mines d'or, la nouvelle disposition législative était déjà partout (ou du moins presque partout) observée,, puisque dès longtemps le principe des postes de 8 heures (tantôt poste unique, tantôt double poste, et souvent triple poste assurant un travail ininterrompu) était adopté, et que ce poste était uniformément réglé à 8 heures de présence au front de taille (from face to face) auxquelles il faut ajouter la durée des trajets et dont il faut retrancher celle des repos. Chacun des trajets, du jour au chantier et du chantier au jour, dure rarement plus d'un quart
CONDITION DES OUVRIERS DES MINES EN AUSTRALASIE
297
d'heure, en raison de la faible extension des travaux de la plupart des mines d'or et du nombre relativement restreint des ouvriers à remonter ou à descendre par chaque puits. D'autre part, les repos comprennent nombre de petites interruptions de travail et en outre un long repos pour le repas; celui-ci ne devrait théoriquement pas durer plus d'une demi-heure, mais j'ai tout lieu de penserqu'il se prolonge en fait davantage, surtout dans des mines telles que celle que j'ai visitée à Reefton, puisqu'on y réserve, en évitant de les remblayer, des vides suffisants pour constituer des « salles de repas », où les ouvriers de plusieurs chantiers se réunissent pour manger et naturellement aussi pour bavarder. Je ne suis donc pas loin d'admettre, comme mêle déclarait l'ingénieur qui m'accompagnait dans cette visite, que, des 8 heures passées au chantier, il en est à peine consacré 7 au travail. A Waihi (district d'Hauraki), il n'en est guère autrement : la sentence arbitrale du 4 octobre 1901, antérieure par conséquent au vote de l'amendement limitant la journée de travail souterrain à 8 heures (sentence dont le texte est ci-annexé), a maintenu, comme précédemment, à 46 heures la durée totale par semaine des postes du matin et de l'après-midi, et à 47 heures celle des postes de nuit, y compris le temps habituellement consacré au repas, pour tous les ouvriers mineurs proprement dits du fond comme du jour. Pour les mineurs, qui en principe se remplacent au chantier de 8 en 8 heures (sauf le samedi), cela ne fait pas même 7 heures et demie de travail au chantier, soit les 8 heures légales si l'on y ajoute la durée des trajets et que l'on ne compte pas celle du repas. On voit donc que la durée moyenne de 8 heures, trajets compris, récemment assignée par la loi au travail souterrain dans les mines de la Nouvelle-Zélande, était, dès avant la promulgation de ladite loi, observée le plus Tome VIII, 1905.
20