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GISEMENTS STANNIFÈRES AU LAOS FRANÇAIS
L'oxyde d'étain se rencontre partout, dans les terres et les sables comme dans les menus morceaux et les gros blocs. Pas plus dans les uns que dans les autres, rien ne décèle sa présence, excepté quand on a affaire à un fragment de minerai d'une teneur exceptionnelle, supérieure à 10 p. 100 par exemple. Dans ce cas, il apparaît sur les cassures fraîches de tout petits points brillants. Autrement on ne voit absolument rien. La cassitérite est d'ailleurs dans un état de division si grand qu'il est très' difficile, sinon impossible, d'en recueillir par broyage et lavage plus qu'une très faible proportion. La plus grande partie s'en va, entraînée par l'eau. Le minerai est de couleur rouge brique plus ou moins teinté de brun ; la surface extérieure des gros blocs est brune. En certains points, le manganèse domine et la couleur est plus foncée ; en d'autres, il prend toute la place: le minerai est alors noir, tachant les doigts. Outre le manganèse et l'étain, la limonite renferme de l'anti-, moine et du bismuth, mais pas de soufre. 11 est bien probable que cette minéralisation d'une zone des grès se relie à l'apparition au milieu d'eux des filons de quartz dont il a été question déjà. En particulier, en ce qui concerne le lambeau de Poun-Tiou, il faut signaler la présence, à une centaine de mètres à peine de son bord . Sud-Est, d'un puissant affleurement qu'on ne peut suivre, par malheur, que sur 5 à 6 mètres de longueur. C'est une muraille à peu près verticale, haute de 3 mètres, en travers d'un petit ravin. Le quartz y est divisé en bandes parallèles aux épontes, les unes translucides et plus ou moins blanches, les autres opaques, chargées de matières étrangères et de couleur grise vaguement bleuâtre. Celles-ci surtout renferment de la cassitérite et des pyrites, en partie antimoniales ou arsenicales, et sans qu'on aperçoive quoi que ce soit à l'œil nu. La cassitérite est certainement en noyaux isolés, puisque, si l'on
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casse un morceau en plusieurs fragments, quelques-uns de ceux-ci, broyés et lavés, donnent de ce minéral, et d'autres non. Les pyrites paraissent plus également réparties . Exploitation indigène. — Le gisement de Poun-Tiou a été de tout temps exploité par les indigènes, mais sans aucun acharnement, bien loin de là. Ils ne vont y travailler que lorsqu'ils n'ont pas autre chose à faire, c'està-dire après la récolte du riz, en attendant que vienne le moment des semailles nouvelles, soit pendant trois mois par an environ, de novembre à février. Durant cette période, chaque jour le village entier se transporte sur la colline. Les hommes creusent les puits, tandis que les femmes et les enfants préparent les corbeilles dans lesquelles on remportera le soir le minerai, ou aident à sortir les blocs des excavations et à concasser en petits fragments ceux qui ont la meilleure apparence. Parmi ces fragments, guère plus gros en moyenne qu'une noix, des « experts » trient avec patience ceux qui sont riches, c'est-à-dire sur les faces desquels étincellent les minuscules cristaux de cassitérite. Leur teneur peut être estimée à 10 ou 12 p. 100. C'est le seul minerai dont puisse venir à bout leur métallurgie primitive. A la fin de la journée, un puits a donné ainsi au maximum une dizaine de kilogrammes. Les puits sont peu profonds. Il n'est pas nécessaire qu'ils le soient beaucoup, car la valeur du produit extrait n'a pas de relation avec la profondeur. Les indigènes pourraient parfaitement se dispenser de creuser le sol, si ce n'était qu'il leur faut des blocs fraîchement arrachés, propres à un examen attentif. Mais, en aucun cas, ils ne descendent à plus de 4 à 5 mètres. Leurs trous sont grossièrement circulaires, d'à peu près 1 mètre de diamètre, sans boisages ni soutiens d'aucune sorte.