Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.
184
COMMISSION DU GRISOU
Cette augmentation ne peut s'expliquer par une combustion du cordeau dans l'excès d'oxygène de l'explosif, car on a vu que le cordeau fonctionne uniquement comme détonateur et non pas comme combustible supplémentaire. D'ailleurs cette combustion elle-même ne justifierait pas une augmentation de 20 p. 100. L'accroissement de brisance procuré par l'emploi du cordeau n'explique pas non plus l'augmentation de rendement, car cet accroissement de brisance constitue plutôt un désavantage dans les terrains dont la dureté n'est pas très grande. Et, d'ailleurs, l'augmentation de brisance prévue d'après les propriétés du cordeau n'a pas été signalée dans les essais de Lens. Pour expliquer un bénéfice notable sur le rendement de l'explosif, on est conduit à admettre que làgrisounite Favier ne détone pas complètement avec l'amorçage ordinaire, même quand on ne remarque pas de culots au fond des trous, et que l'influence favorable du cordeau est due à une décomposition plus complète de l'explosif sous l'action d'un amorçage plus efficace. Pour discuter la vraisemblance de cette hypothèse, il faut remarquer que la grisounite-couche Favier renferme 73 p. 100 de nitrate d'ammoniaque en excédent sur la quantité nécessaire pour brûler complètement la trinitronaphtaline. D'autre part, les essais mentionnés au chapitre II montrent que le nitrate d'ammoniaque ne cède que difficilement son oxygène, puisqu'il ne brûle pas le cordeau d'amorçage. Dès lors il est très admissible qu'une partie du nitrate d'ammoniaque de l'explosif Favier reste inaltérée ou du moins ne se décompose pas suivant la formule AzWO 3 = Az2 -f 2H 2 0 + 0,
admise pour le calcul des températures de détonation. L'hypothèse d'une décomposition incomplète de la gri-
NOUVEAU DISPOSITIF D'AMORÇAGE DES EXPLOSIFS
185
sounite Favier se concilierait très bien avec la formation fréquente des « culots » qui seraient alors une forme visible de la décomposition incomplète. De plus, elle fournirait une explication de la faiblesse des charges limites obtenues avec la grisounite Favier dans les stations d'essai des explosifs antigrisouteux, la basse température de détonation attribuée à cet explosif pouvant être dépassée dans un mode de décomposition s'éloignant de la formule théorique. Enfin elle ferait comprendre que les Mines de Lens n'aient pas signalé une augmentation très nette de la brisance dans les explosifs amorcés par le cordeau, la vivacité du cordeau ayant pu être compensée en partie par une augmentation de la lenteur de l'explosif lui-même, dont le mode de décomposition aurait été modifié. Si l'hypothèse précédente était exacte, l'amorçage au cordeau présenterait un avantage considérable au point de vue de la sécurité : il régulariserait la décomposition de la grisounite Favier et la rapprocherait de la décomposition théorique à laquelle correspond la température de 1.500°. En tout cas, abstraction faite de toute hypothèse, l'amorçage au cordeau permettrait une diminution appréciable des charges explosives, ce qui est un avantage au point de vue de la sécurité dans le grisou. Cette diminution des charges compenserait en outre, en grande partie, les frais supplémentaires dus à l'emploi du cordeau et rendrait ce mode d'amorçage acceptable au point de vue économique. On s'est borné, dans les essais pratiques, à étudier l'emploi de l'amorçage au cordeau avec les grisounites Favier susceptibles d'être moulées en cartouches comprimées et se prêtant ainsi d'une façon simple à la mise en oeuvre du nouveau dispositif d'amorçage. Nous croyons, toutefois, devoir signaler que l'amorçage