Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.
22
ÉTABLISSEMENT
D'UN
DROIT
DE
SORTIE
vaient en tirer, ainsi que nous l'avons indiqué précédemment en nous occupant de la situation sidérurgique de ces pays. De cette double circonstance devait résulter l'intervention des industriels belges et allemands dans l'exploitation des minerais de fer de Meurthe-et-Moselle et spécialement du district de Briey. Sous l'empire d'un sentiment de nationalisme exagéré, on parait avoir généralement mal compris cette situation. En fait, les acquisitions des étrangers peuvent correspondre en surface dans le district de Briey à quelque 8.500 hectares (dont 2.500 pour les Belges et 6.000 pour les Allemands-Luxembourgeois) sur 35.000 concédés et 40,000 qui peuvent exister (*). Sans doute, il y a eu certaines cessions pures et simples que l'on peut regretter ; ce sont de ces singularités que le cours de la vie présente dans toutes les choses d'ici-bas ; il faut les prendre avec philosophie en se gardant de les généraliser. Dans la généralité des cas, il y a eu association entre nos industriels et ceux de l'étranger pour réaliser par siège d'extraction ces productions intenses dont j'ai dit la nécessité économique, avec profit pour les uns et les autres : nos industriels ont trouvé l'avantage de diminuer pour eux la lourdeur du fardeau d'énormes dépenses de premier établissement; les étrangers, le bénéfice d'assurer leurs approvisionnements en se soustrayant aux aléas des achats de minerais par traités aux cours du jour. Aussi bien, M. Bailly fait remarquer avec raison que, si nos minerais lorrains sont utiles, avantageux aux Belges et aux Allemands, ils ne leur sont pas nécessaires. Si, notamment, par des droits d'exportation, on aggrave leur situation, ils se retourneront vers les autres pays producteurs comme ils peuvent le faire. (") L'ensemble des concessions de Meurthe-et-Moselle comprend 61.000 hectares, et il peut y avoir encore quelque 8.000 hectares à concéder.
SUR
LES
MINERAIS
DE
EER
23
On conçoit que l'analyse de cette situation ait amené M. Bailly, avec sa compétence particulière, non seulement à s'élever contre tout droit de sortie, mais encore à demander qu'on s'ingénie à faciliter l'exportation, notamment par l'abaissement des prix de transport. M. Bailly ajoute, il est vrai, que la situation pourrait changer dans une vingtaine d'années, lorsque le Luxembourg approchera de son épuisement. Je crois plus sage de m'abstenir de toute prévision à échéance si reculée; sans doute il faut éviter de vivre au jour le jour et prévoir est une nécessité en industrie comme ailleurs. Mais, d'ici vingt ou trente ans, les modifications économiques et industrielles peuvent être si profondes que toute supputation à si lointain avenir me paraît assez vaine. La fonte au bois a disparu devant la fonte au coke ; le procédé Besscmer acide, avec les minerais riches et purs qu'il nécessite, devait annihiler les minerais lorrains phosphoreux ; le procédé Thomas leur donne une vitalité exceptionnelle; une nouvelle transformation ne peut-elle pas se produire qui les fasse relativement délaisser ? A ces observations on doit en ajouter une autre sur laquelle des maîtres de forges de Meurthe-et-Moselle ont vivement insisté. Ils pensent avoir trouvé et réalisé dans les échanges de leurs minerais avec les houilles et les cokes allemands des facilités spéciales pour obtenir dans de meilleures conditions économiques les approvisionnements en combustibles qu'ils sont obligés, par suite de notre disette en houilles, de faire venir de l'étranger. C'est un nouvel argument en faveur de l'exportation qui peut permettre d'obtenir par là un résultat avantageux pour nos métallurgistes et, par suite, pour le pays. Je terminerai cet exposé en rappelant que le « Comité des forges et des mines de fer de Meurthe-et-Moselle», que l'on peut croire avoir quelque intérêt et quelque compétence en la matière, s'est élevé, par une délibération