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LA MÉTALLOGÉNIE DE L'ASIE RUSSE
comment un métal aussi insoluble que le platine aurait pu être déplacé et concentré chimiquement sans l'intervention d'une réaction ignée. Il reste seulement très curieux que, seules dans le monde, les péridotites serpentinisées de l'Oural se soient trouvées dans les conditions géologiques nécessaires pour renfermer une portion utilisable (d'ailleurs extraordinairement minime) de platine, et une analyse théorique de ces conditions spéciales, qui n'a pas encore été faite à notre connaissance, présenterait un vif intérêt. Industriellement, comme nous l'avons dit, ces gisements primitifs et en roche du platine n'ont aucune importance: la teneur en platine de ces péridotites étant beaucoup trop faible pour permettre une exploitation fructueuse. Les gisements utilisés de ce métal sont ceux où la nature s'est chargée de faire, pendant de longues suites de siècles, un premier travail de broyage et de préparation mécanique, qui a isolé, dans les alluvions de certains cours d'eau, des sables platinifères à teneur encore bien restreinte, 2 à 3 grammes par tonne, ou 2 à 3 : 1.000.000 en moyenne. On a peut-être une indication de la manière dont cet isolement du platine s'est opéré dans unfaitqui serait très frappant s'il était scientifiquement et précisément démontré. Les résidus anciens, autrefois rejetés comme stériles, du traitement des sables de l'Oural ont été souvent repris et traités fructueusement au bout de quelques années, sans qu'il y ait lieu de mettre en cause un perfectionnement introduit dans les procédés de traitement, restés très rudimentaires. Il y a, sans doute, une première cause à cela, c'est l'augmentation progressive du prix du platine depuis une vingtaine d'années ; mais on s'est demandé s'il n'intervenait pas, en outre, une décomposition à l'air de roches qualifiées de stériles, ayant pour effet de mettre en liberté le peu de platine disséminé qu'elles pouvaient
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contenir. En tout cas, la pauvreté extrême des roches mères, qui ont fourni jadis les alluvions platinifères et où l'on arrive à peine de loin en loin à reconnaître la présence de ce platine en des points exceptionnels, indique suffisamment quelles quantités énormes de ces roches ont dû être désagrégées et soumises à cette préparation mécanique naturelle pour fournir les sables exploités, et, par conséquent, combien longue à dû être la durée des érosions, dont le phénomène résulte. Cela peut permettre de comprendre comment on a trouvé autrefois, de temps à autre, dans les sables riches, aujourd'hui épuisés, quelques pépites de platine très volumineuses : la plus grosse à Nijni Taguilsk, pesant 9.620 grammes (aujourd'hui au musée Demidoff, à Saint-Pétersbourg); une autre à Goroblagodatsk pesant 2.247 grammes, etc. Il faut, en effet, remarquer que les 150.000 ou 200.000 kilogrammes de platine, produits par l'Oural depuis l'origine des exploitations, résultent du lavage industriel de 30 à 40 millions de mètres cubes de sables platinifères, qui eux-mêmes ont peut-être exigé la destruction de centaines de milliards de mètres cubes de roches, ou, sur 100 kilomètres de long et 10 kilomètres de large, l'érosion de plusieurs centaines de mètres d'épaisseur. Or, étant donné, d'une part, la densité du platine, qui n'a pas permis son transport à grande distance par les cours d'eau, de l'autre, son aspect très spécial et son prix qui font que tout échantillon de quelque dimension a dû être remarqué et recueilli, on ne peut s'étonner que, sur cette quantité colossale déroches, il se soit trouvé de très rares pépites de forte dimension, et l'on voit, en même temps, combien seraient extraordinairement minimes nos chances d'en rencontrer de semblables par quelques coups de pic ou de dynamite donnés au hasard dans la roche en place. Cette formation des alluvions platinifères par la désa-
