Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.
172
LES
CATASTROPHES MINIÈRES AMÉRICAINES
sines et parallèles ; les barrages qui les séparent cèdent à une très faible différence de pression ; fussent-ils renforcés, qu'il serait illusoire de compter qu'ils résisteraient aux pressions développées par un coup de poussières. Aussi toute explosion un peu violente survenant dans une partie de la mine, désorganise fatalement la ventilation dans la mine tout entière, et les ouvriers qui n'ont pas péri par les effets directs de l'explosion sont destinés à succomber par asphyxie ou intoxication. A la vérité, le cas paraît s'être rarement présenté à Monongah, parce que l'explosion y fut trop importante et trop généralisée. Presque aucun quartier ne fut indemne, et l'on ne peut guère citer que le quartier 5 Est de la secondaire 2 Nord de la mine 8 où l'on puisse affirmer que les ouvriers ont péri sous la seule influence des gaz toxiques ou asphyxiants, alors qu'ils s'enfuyaient vers les grandes artères. Dans tous les autres quartiers, on trouve au moins une partie des ouvriers tombés à leur place de travail, et ceux qui fuyaient n'eurent pas le temps de se rassembler, ni de s'éloigner beaucoup de leurs chantiers. Un des faits les plus remarquables est de constater que dans des voies très éloignées de l'origine de l'explosion et notamment à 3 .000 mètres de celle-ci, les hommes sont tombés exactement à leurs places de travail, sans avoir eu le temps d'esquisser le moindre parcours de fuite. Ainsi l'arrivée de la flamme dans les derniers culs-de-sac du numéro 8 dut suivre presque immédiatement l'arrivée en ces points du bruit ou choc de l'explosion. La vitesse de propagation fut voisine de celle du son. D'aussi grandes vitesses de propagation sont réalisées dans la galerie d'essais de Liévin, quand on cherche à produire un coup de poussières, avec un gisement particulièrement favorable de 230 mètres de longueur. Avec une vitesse de propagation aussi considérable, les pressions élevées qui en résultent nécessairement produisent des effets dynamiques particulièrement
DE MONONGAH,
DARR ET NAOMI
173
intenses, que nous avons indiqués au cours de notre étude détaillée. Ces effets se rencontrent notamment dans les grandes voies rectilignes que parcoururent les chasses gazeuses animées d'une très grande vitesse. Dans ces mêmes voies, il est à remarquer que les effets calorifiques sont plutôt rares et peu accentués. Assurément en ce qui concerne les brûlures, il ne faudrait pas conclure, chaque fois qu'un homme a été signalé comme ne portant pas de brûlure apparente, qu'il ne fut réellement pas brûlé. Les témoignages que nous avons recueillis relativement à l'état des corps provenaient de personnes différentes qui n'avaient pas toutes apporté le même soin ou la même compétence dans leur examen. D'autre part, l'inflammation d'objets combustibles ne se produit que très difficilement au passage de la flamme d'un violent coup de poussières, car ce passage est en quelque sorte instantané et immédiatement suivi de l'invasion de gaz impropres à toute combustion. Enfin le refroidissement des gaz par la détente et par le contact des parois doit être assez rapide, principalement dans les grandes artères, en raison du brassage énergique que produisentles violentes chasses gazeuses. Les phénomènes calorifiques se sont surtout manifestés par des effets de distillation, et nous avons vu qu'ils furent particulièrement intenses dans beaucoup de chambres et de culs-de-sac, où les températures élevées se maintinrent sans doute plus longtemps. D'une manière générale, l'étude des effets dynamiques ou calorifiques confirme l'explication que nous avons donnée relativement aux causes de la catastrophe. L'excès de pression initiale au voisinage de l'origine de l'explosion apparaît dans les premiers renversements de barrages. Au milieu de la grande complexité des effets dynamiques, on peut dégager, dans la grande secondaire qui unit les deux mines, le passage préalable d'une pre-