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HISTOIRE CHIMIQUE. 342 ou moins long. C'est ainsi que les pierres calcaires .
dont se composent les murs , se convertissent assez promptement en sulfate de chaux à .leur surface; les bois se pourrissent et se recouvrent d'une couche de sulfite de fer d'une épaisseur variable, formée aux dépens des clous de la char-
pente, et le fer et le cuivre sont eux-mêmes attaqués avec une force remarquable en donnant lieu à des sulfures d'abord puis à des sulfates de ,
ces métaux. Les rideaux de toile qui ferment l'entrée du bain de vapeur sont acidifiés dès le premier jour de leur exposition , corrodés dans peu de temps et hors d'usage au bout de quelques semaines. Si on enlève ces linges lorsqu'ils sont bien acides et qu'on les expose à l'air, ils perdent ordinairement leur caractère d'acidité ; je me suis
convaincu que le contact de Fair était seul la cause de cette désacidification. A cet effet , j'ai rougi deux morceaux de velours noir en les appliquant sur un rideau de toile très-acide. L'un a été tenu fermé dans un flacon et l'autre exposé au contact de l'air. Quinze jours après , celui-ci était encore un peu acide, mais il était déjà presque noir. Au bout de vingt-cinq jours , il n'était plus acide et avait recouvré sa couleur noire au point qu'on ne pouvait reconnaître la portion qui avait été rougie. Le velours soustrait à l'influence de l'air était encore aussi rouge une année après que le jour où il fut introduit dans le flacon. 87. lia désacidification, au contact de l'air, des tissus imprégnés de cet acide, avait non-seulement paru étonner plus d'un chimiste célèbre mais elle avait encore fait supposer à quelques-uns
que ce pouvait bien être un acide nouveau. Pour
faire disparaître tout doute à cet égard, j'ai ra-
DES EAUX D AIX .EN SAVOIE.
343 mené à un degré et demi de faréomèire , de l'acide sulfurique du commerce qui , ainsi étendu
m'a servi à rougir un morceau de velours noir.
Ce tissu rougi et exposé à l'air, y a insensiblement
perdu son acidité et sa couleur rouge, si bien qu'après vingt jours il ne conservait plus aucune trace de l'un ni de l'autre. Je pense donc que la désacidification au contact de l'air des tissus imprégnés du liquide acide produit par la condensation des vapeurs sulfureuses, n'est due qu'à l'état de dilatation de cet acide, puisque nous retrou-
vons la même propriété dans l'acide sulfurique du commerce ramené au même degré ; si l'on
vi ent en outre à concentrer ce liquide acide au point
de l'amener à 5o degrés au moins de densité, les tissus qu'il rougit alors ne se décolorent plus à l'air, quel que soit le temps qu'on les y laisse exposés. En un mot, il offi.e dans cet état de concentration, ainsi que nous le verrons bientôt, tous les caractères de l'acide sulfurique ordinaire
également concentré, avec lequel il est tout à fait identique.
88. Pour bien étudier et connaître cet acide, j'ai cherché à m'en procurer une certaine quantité à l'état liquide. L'appareil, dont je me suis servi pour condenser ces vapeurs, se compose d'un
linge triangulaire fixé au sommet de la guérite par deux de ses angles, et d'une ficelle attachée à l'angle inférieur du linge et plongeant dans un flacon. Dans cette disposition , le linge s'imbibe et se
sature de vapeurs, au centre desquelles
il se
trouve placé, et l'excédant s'écoule le long de la ficelle et vient se réunir dans un flacon. C'est ainsi que je suis parvenu à condenser environ
douze livres de ces vapeurs dans l'hiver de 1836-37.
