Annales des Mines (1841, série 3, volume 20) [Image 312]

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MÉMOIRE SUR LES EAUX. CORROSIVES

elle-même être une substance incrustante ; elle se précipite elle-même à l'état de sulfate de chaux avec l'acide sulfurique des bases qu'elle a isolées. Elle doit enfin , lorsqu'elle est entraînée avec l'eau par la vapeur, saponifier les graisses de la machine et produire ainsi un effet très-nuisible. Le seul avantage de la chaux serait une économie journalière de quelques centimes. Dans tous les cas, en employant la chaux , on doit l'introduire dans la machine à doses très-petites et en excès aussi petit que possible ; on doit enfin l'associer avec une substance destinée à combattre la formation du tartre. C'est ainsi que M. de Sénarmont l'a fait employer avec succès , aux mines de Decazeville, mélangée avec de l'argile très-fine; il n'a pas remarqué que les encroûtements aient été phis considérables. Le mode d'emploi de la chaux le moins convenable consisterait à mettre un grand excès de chaux dans les bassins de dépôt

oit l'eau séjourne à la sortie de la mine, à laisser déposer et à décanter ensuite l'eau dans un second bassin où la pompe alimentaire viendrait la puiser.

L'eau ne contiendrait plus alors en dissolution que de la chaux caustique, du sulfate de chaux et des sels alcalins, et serait dans tous les cas saturée de chaux et de sulfate de chaux ; elle serait dans la condition la plus favorable pour former des en-

croûtements. En combattant ici l'emploi de la chaux, je dois dire que je suis guidé seulement par des idées théoriques ; l'expérience comparative

pourrait seule établir si la chaux mélangée d'aro-ile, comme l'a employée M. de Sénarrnont , et

mise immédiatement dans la chaudière serait réellement inférieure à la craie. (Voir la note N.) Dans quelques lowlités , dus lu lYlayenue par

EMPLOYÉES DANS LES CHAUDIÈRES A VAPEUR. 615

exemple, on pourrait remplacer la chaux graSse par une chaux maigre faite avec la dolomie ri); elle renfermerait 42 p. op de magnésie et 38 p. oyo de chaux. En employant cette substance on aurait l'avantage de produire un dépôt moins considérable de sulfate de chaux, parce qu'à la fin de l'opération toute la chaux ayant été consommée, la neutralisation serait produite par la magnésie qui donnerait un sel soluble, et en outre l'excès du réactif ne donnerait pas lieu comme la chaux à un double précipité de magnésie et de sulfate de chaux. On trouve assez abondamment dans les arts une substance à vil prix qui tiendrait le milieu entre la chaux et la craie , c'est la chaux en partie carbonatée que l'on obtient dans la fabrication des savons en caustiliant la soude. La fabrique de savon de la IVIorinière, près de Nantes, en produit journellement une grande quantité qui se vend difficilement à raison de of,25 l'hectolitre; cette Matière se compose d'un mélange de carbonate de

chaux et de chaux vive, elle retient encore une

assez forte proportion de soude ; il est facile de la délayer dans l'eau et de l'amener à l'état de bouillie. Indépendamment de son bas prix cette substance

aurait sur la chaux l'avantage d'être en partie carbonatée. A la fin de l'opération si l'excès de réactif n'était pas considérable, il n'y aurait de précipité que l'alumine et le peroxyde de fer.

Sans employer cette matière, on pourrait la (1) Il existe à Fresuay, dans la Sarthe, à la limite de la Mayenne, un gisement considérable de dolomie cristalline exploité pour la fabrication du sulfate de magnésie et des eaux gazeuses.