Annales des Mines (1845, série 4, volume 8) [Image 276]

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RAPPORT SUR LES MESURES DE SURETÉ

possible, tant pour les essieux droits que.pour les essieux coudés.

Les premiers se fabriquent, dans tous les cas, par l'action du marteau, en étirant les paquets destinés à les former, et non en refoulant le fer ou en rapportant des viroles soudées; et, quant aux axes coudés, dont la masse est toujours beaucoup plus considérable, ils sont faits, comme les essieux droits, en fer corroyé; mais, pour leur donner la forme qu'ils doivent avoir, entre les divers moyens connus, un seul paraît avoir reçu de l'expérience une sanction suffisante; et la commission croit devoir, en conséquence, le décrire en détail

dans ce rapport, pour le signaler plus spécialement à l'attention des constructeurs.

Ce moyen consiste à former un paquet en barres de fer plat, de soixante centimètres carrés environ : ce paquet, chauffé dans un four à réverbère, est porté sous un marteau d'une grande puissance et présenté à son action sous toutes les faces, de manière à en souder à coeur toutes les parties : on le réduit ensuite à une épaisseur un peu supérieure au diamètre de l'essieu, en lui conservant une largeur suffisante pour la partie coudée. On étire ensuite sous le marteau les parties qui doivent former l'axe proprement dit, laissant ainsi en saillie les portions correspondantes aux coudes. Ceux-ci se trouveraient donc naturellement

dans le même plan; mais on profite de l'étirage du corps même de l'essieu pour les amener dans des plans perpendiculaires. L'action seule de la pesanteur sur ces parties en porte-à-faux, suffit pour déterminer un mouvement de torsion dans le corps de l'essieu fortement chauffé et soumis à l'action du marteau. Cette opération terminée, on

55) évide à froid, au moyen de la machine à découper, APPLICABLES AUX CHEMINS DE FER.

les deux parties correspondantes aux manivelles, et qui sont encore pleines; puis on porte l'essieu sur le tour , pour enlever les portées, et enfin on termine au burin et à la lime les autres parties qui n'ont été qu'ébauchées à la forge.

La forme à donner aux essieux n'est pas non plus indifférente. L'expérience a prouvé que les essieux cassent presque toujours en dedans des roues

et au ras ou très-près des moyeux. Il convient donc de donner dans cette partie une épaisseur notablement plus forte que dans les portions intermédiaires; et c'est ce que ne manquent point de faire les fabricants ; mais tous ne portent pas toujours une assez grande attention sur les moyens de raccorder les renflements avec le corps de l'essieu quelquefois , ce raccordement s'opère à angle vif ou par un congé très-court. La commis:

sion ne peut négliger de signaler ce mode de fabrication comme très-défectueux et comme pou-

vant altérer la solidité de l'essieu. Il lui paraît indispensable de faire le raccordement des parties de diverse grosseur par un congé allongé ou même par un cône tronqué, dont la base supérieure serait alors égale au diamètre du corps de l'essieu. Il peut paraître superflu d'ajouter à ce qui précède que l'on ne doit employer, pour la fabrica-

tion des essieux, soit de locomotives, soit de wagons, que du fer de très-bonne qualité : mais que doit-on entendre, dans cette circonstance, par fer de bonne qualité? Pour le service de l'artillerie, pour les malles-postes et pour les messageries, l'on ne fabrique jamais les essieux qu'avec des fers fabriqués au charbon de bois et au marteau; mais l'expérience a prouvé que les fers les