Annales des Mines (1847, série 4, volume 11) [Image 16]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

32

CONTINUITÉ EN PROFONDEUR

qui résultent de cassures postérieures aux terrains encaissants et remplis postérieurement à leur formation par des gangues spéciales et des minerais, auxquels s'adjoignent les débris du toit et du mur.

Ces gîtes sont essentiellement indépendants des terrains encaissants; ils abondent dans les terrains de transition et l'on en a trouvé dans les terrains

du trias, dans les terrains jurassiques et jusque clans les formations crétacées supérieures ; ils sillonnent également les granites, les porphyres et les roches trappéennes. Dans toutes ces positions, les filons

affectent les caractères d'allure conformes à leur origine, ils se modifient suivant les conditions des roches fracturées, suivant les clivages plus ou moins faciles du. terrain; mais ils conservent, dans leur plan de marche, la régularité et la continuité qui justifient leur définition. Les gîtes irréguliers échappent au contraire à toute définition générale de forme et d'allure. Ils ont dans chaque localité des caractères tout à fait spéciaux ; mais tous sont géognostiquement liés, à un degré plus ou moins grand, aux terrains qui les encaissent; soit qu'on les trouve immédiate-

ment subordonnés à des roches éruptives, soit qu'intercalées dans des couches sédimentaires ils affectent un régime de contact éloigné avec les masses soulevantes et se suivent irrégulièrement dans certains plans de stratification et de clivage. Dans ces deux classes de gîtes, la théorie nous signale les matières métallifères comme postérieures aux terrains encaissants, sauf les cas où elles sont parties intégrantes des roches éruptives, et ceux où elles ont été stratifiées avec les dépôts sédimentaires par l'effet d'un métamorphisme contemporain. De plus, un grand nombre d'oh-

DES GITES MÉTALLIFÈRES,

servations autorise à conclure que les matières métallifères résultent de phénomènes souterrains dont le siége doit être au-dessous de l'écorce solide du globe. Tels sont les principes généraux que la géologie

applique aux mines et que l'on peut considérer comme démontrés. Dans chaque district métallifère, ces principes se détaillent par des considérations locales qui déterminent souvent des règles particulières, règles qui restent toujours subordonnées aux principes généraux.

Cette théorie des gîtes métallifères, dont les

applications constantes et souvent hardies, assurent aux mines de Cornwall et de l'Allemagne une supériorité classique, peut aussi devenir l'occasion d'applications très-malheureuses, par suite d'une mauvaise interprétation. La condition première

est, par exemple, de bien établir la distinction

des gîtes réguliers et irréguliers. Celui qui faisant abstraction de tous les travaux de ses devanciers

voudra retrouver les règles des filons dans des

gîtes irréguliers comme ceux de la Sierra de Gador, sera nécessairement amené à contester ces règles,

à soutenir que dans les mines tout est l'effet du hasard, à vouloir en un mot envelopper toute la doctrine géologique dans les conséquences de son erreur. Supposons au contraire ces mêmes gîtes de la Sierra de Gador étudiés par un praticien expérimenté, tel que MM. Paillette ou Gomez de Sa lazar,, ces gîtes seront tout d'abord caractérisés comme irréguliers, puis l'interprétation des circonstances de leur irrégularité et de leur gisement fera reconnaître qu'ils se succèdent suivant certains plans, et que les travaux conformés à ces règles d'allure, et de gisement, auront en leur faveur, non pas l'assurance qu'on pourrait admettre dans Tome Xi, t 847. 3