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SUR LES ANCIENS LITS DE DÉJECTION
DES TORRENTS DES ALPES.
II
les eaux actuelles déposent sous nos yeux. Leur formation ne saurait donc remonter au delà de l'époque du phénomène erratique, et même tout tend à prouver qu'elle a eu lieu à la fin de cette époque, c'est-à-dire au commencement de la période géologique actuelle. Eu effet, les blocs erratiques, qui sont très-abondants sur les deux ver-
missent avoir été les mêmes (t). Toutefois, en
sants de la vallée de l'Isère, manquent à la surface
des lits de déjection éteints, ou, s'il y en a, ils y
déjection par les deux causes suivantes. Il suppose d'abord qu'au bout d'un certain temps toute la matière affouilla-
sont peu nombreux, à demi enterrés dans la
bic qui existe dans le bassin de réception des torrents
masse des cailloux, et placés à l'entrée des gorges; ce qui prouve qu'ils avaient été déposés sur le flanc
à dévorer, périssent en quelque sorte d'inanition. Il
des collines, dans le périmètre du bassin de réception, et qu'ils ont été ensuite entraînés par les eaux, pêle-mêle avec les autres débris. D'un autre côté, les hypothèses par lesquelles on a cherché à expliquer le phénomène erratique dans les Alpes Se réduisent aujourd'hui à deux, qui sont :l'irrup-
tion soudaine de grands courants d'eau doués d'une rapidité prodigieuse; ou bien une extension extraordinaire des glaciers dans toutes les vallées. Or, quelle que soit celle de .ces deux causes que l'on adopte, on est obligé de supposer des circonStances physiques qui excluent une érosion successive et longtemps prolongée du sol par les eaux pluviales. La formation des anciens lits de déjection n'a donc pu coïncider avec la dispersion des blocs erratiques ; elle ne l'a pas non plus précédée, elle lui est donc postérieure. Les observations précédentes sur les anciens lits de déjection de la vallée de l'Isère, et sur les conséquences qui s'en déduisent, s'appliquent à tous les dépôts d'alluvion de cette nature que l'on rencontre dans les Alpes. Pour tous, la cause, la .
date et les circonstances de leur formation pa-
les étudiant clans leur ensemble, on parvient à là
découverte de nouveaux faits que nous allons maintenant exposer. (1) Dans les chapitres XXIV et XXV de son ouvrage, M. Surell explique l'extinction de la plupart des lits de
peut être détruite; en sorte que ceux-ci, n'ayant plus rien
admet en second lieu, et d'une manière plus générale, que les matières de transport, en s'accumulant dans le lit de déjection, finissent par donner à cette partie du sol une pente suffisante pour qu'il n'y ait plus de dépôt possible ; c'est ce qu'il appelle l'établissement de la pente limite. Ces deux causes me paraissent inadmissibles. Comme
c'est là un point capital du sujet que j'ai traité, je crois devoir entrer dans quelques développements. Si les montagnes étaient formées à leur intérieur d'un noyau compacte solide, recouvert d'une certaine épaisseur de matières faciles à désagréger, l'hypothèse que les torrents peuvent s'user au bout de quelque temps par le seul effet de l'érosion, présenterait de la vraisemblance mais une pareille constitution géologique est extrêmement rare ; je crois même pouvoir a ffirnaer qu'elle manqué dans les Alpes. Les terrains qui constituent cette chaîne de montagnes sont composés en général de couches alternativement dures et friables, intimement mêlées ensemble. Souvent ce sont les parties dures qui reposent sur lès tendres, et la destruction de ces dernières entraîne celle des autres. Cette disposition des couches, éminemment favorable à leur dégradation, n'est pas superficielle; elle est propre à la masse entière des montagnes. Il faudrait donc que celles-ci disparussent complètement pour qu'il n'y eût plus de matières affouillables. L'extinction des lits de déjection ne peut pas non plus