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SUR LES ANCIENS LITS DE DÉJECTION
DES TORRENTS DES ALPES.
leurs torrents. Lorsqu'on étudie avec soin cette dernière classe de lits de déjection, on acquiert bientôt les preuves qu'à une certaine époque ils ont été eux-mêmes complétement ou presque complétement éteints, et que les divagations actuelles des torrents ne sont venues que plus tard.
jections actuelles. Il est évident, d'après ces faits, que le torrent de Rigoire a passé par trois phases
Citons quelques exemples.
sur près d'un kilomètre carré de surface. C'est à cette époque que s'est formé l'ancien lit de déjection. A cette période de violence en a succédé une autre d'extinction complète. Le torrent ne charriait plus ou presque plus de débris. La Durance à pu attaquer l'ancien lit de déjection sur toute sa longueur, et s'y est créé une berge escarpée. La troisième période a coïncidé avec une recrudescence du torrent. Les alluvions déposées sont redevenues assez considérables pour qu'en s'accumulant elles aient poussé la Durance sur le côté opposé, et mis à sec une partie de la berge précédemment formée. Au Nord de l'ancien lit de déjection que nous venons de décrire et immédiatement à côté, il en existe un autre moins étendu où l'on a bâti le hameau des Berauds. Il se prolonge également jusqu'à la Durance et présente exactement les
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distinctes, dont l'histoire se trouve en quelque sorte écrite sur le terrain. Dans la première, il a été à son maximum de violence; les caillons charriés étaient extrêmement abondants et dispersés
La partie du territoire de Savines (HautesAlpes) qui s'étend sur la rive gauche de la Durance renferme plusieurs anciens lits de déjection, dont un surtout présente des circonstances remar-
quables. Il a été formé par un torrent qui coule entre les hameaux appelés Rigoire et les Fenouls ( Carte de Cassini, il° 152). Sa surface, que l'on peut évaluer à près d'un kilomètre carré , est cou-
verte d'habitations et de cultures, sauf sur une étendue de 25 hectares que le torrent envahit à l'époque de ses crues. La Durance, en se jetant à une certaine époque contre cet ancien lit de déjection, l'a entamé sur toute la largeur de sa base, en sorte qu'au lieu de se raccorder avec la vallée par une pente douce, ainsi que cela devrait être, il se termine par un escarpement très-roide, produit par l'érosion de la rivière et formant son an-
cienne berge. Les débris que le torrent dépose aujourd'hui s'étendent aussi jusqu'au fond de la
mêmes circonstances que le précédent, mais d'une manière moins saillante. Le village des crottes, situé entre Embrun et
vallée ; mais on remarque qu'ils sont disposés sui-
vant un plan incliné continu, et que de plus, en s'accumulant sans cesse, ils ont forcé la Durance à se porter sur la rive opposée, et à laisser à sec le pied de l'ancienne berge dont nous venons de parler. Celle-ci est bien conservée et parfaitement reconnaissable; elle est encore baignée par la Durance à ses deux extrémités, et sa continuité entre deux n'est interrompue que par le passage des dé-
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Savines, est bâti sur un lit de déjection qui était complétement éteint il n'y a pas un siècle. Le torrent s'est accru successivement et a envahi plus de
six hectares de bon terrain. On a été obligé de ,
construire de hautes digues pour préserver le village, dont naguère la sécurité était complète. Ce torrent offre cela de particulier, que le commencement de son époque de recrudescence est assez